Le Prix des libraires 2013 a été remis hier soir à Éric Dupont pour La fiancée américaine, roman épique et ambitieux de 550 pages bien tassées publié aux éditions Marchand de feuilles qui se déroule sur quatre générations entre le Bas-du-Fleuve, les États-Unis et l'Allemagne.

C'était presque la chronique d'une victoire annoncée tellement le livre d'Éric Dupont a dominé l'année littéraire, porté par la critique, un bouche-à-oreille favorable et des ventes à l'avenant: 30 000 exemplaires de La fiancée américaine ont trouvé preneur depuis sa sortie, il y a à peine six mois.

En entrevue, Éric Dupont semblait soulagé - il avoue à demi-mot qu'il aurait été déçu de ne pas recevoir le prix - et content. «Je sais que le livre le mérite. Je sais aussi qu'un succès comme ça, pour un livre littéraire, se construit à plusieurs.»

L'an dernier, c'est Arvida de Samuel Archibald qui a remporté le Prix des libraires. Que ce soit La fiancée américaine qui lui succède est significatif, estime Éric Dupont. «C'est la deuxième année de suite que le prix est remis à un conteur qui fait du néo-terroir, comme vous nous avez décrits, les journalistes! Pour moi, ça signifie que les gens ont un appétit pour les histoires. Ça tombe bien, des histoires, j'en ai plein d'autres.»

L'auteur de La logeuse et de Bestiaire estime que les libraires ont eu un rôle à jouer dans le succès de La fiancée américaine. «Les grandes surfaces ont fini par le vendre, mais ils attendent toujours les chiffres des librairies avant de le faire. Et ce sont les libraires qui l'ont propulsé.»

Le Prix des libraires est doté d'une bourse de 2000$. Les quatre autres livres en nomination étaient Document 1 de François Blais, Hollywood de Marc Séguin, Anima de Wajdi Mouawad et Mayonnaise d'Éric Plamondon.

Par ailleurs, le lauréat hors-Québec est le Canadien Patrick deWitt pour Les frères Sisters. Ce néo-western traduit chez Alto se retrouvait en nomination contre La vérité sur l'affaire Harry Québert de Joël Dicker, Rue des voleurs de Mathias Énard, Le sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari et En vieillissant les hommes pleurent de Jean-Luc Seigle.

Le Prix des libraires fête cette année son 20e anniversaire et l'événement a été souligné hier soir lors de la cérémonie du Lion d'or. Les finalistes choisis par un jury de sept libraires ont été soumis à un vote parmi l'ensemble des libraires de la province. Cette année, un nombre record de 221 d'entre eux ont participé.

Les derniers lauréats

En 20 ans, le Prix des libraires a réussi à s'imposer comme un des prix littéraires les plus prestigieux au Québec. Voici les lauréats des dernières années.

> 2013 : La fiancée américaine

> 2012 : Arvida de Samuel Archibald

> 2011 : La constellation du lynx de Louis Hamelin

> 2010 : L'énigme du retour de Dany Laferrière

> 2009 : Le ciel de Bay City de Catherine Mavrikakis

Paru aux Éditions Alto, Les frères Sisters se veut un «western nouveau genre».

Patrick deWitt, né en Colombie-Britannique, s'est dit particulièrement «heureux et honoré» de ce Prix des libraires du Québec, disant croire qu'un «libraire passionné est une personne qui peut influencer et enrichir votre vie de manière très honnête et concrète».

Parmi les finalistes dans la catégorie roman québécois figuraient aussi François Blais, Wajdi Mouawad, Éric Plamondon et Marc Séguin.

Pour ce qui est du roman «hors Québec», Patrick deWitt a été préféré à Joël Dicker, Mathias Énard, Jérôme Ferrari et Jean-Luc Seigle.

Sélectionnés par un comité de sept libraires en janvier dernier, les titres finalistes ont ensuite été soumis à l'ensemble des libraires du Québec, qui devaient élire un lauréat dans les deux catégories. Cette année, un nombre record de 221 votes a été enregistré.

Il s'agissait des 20es Prix des libraires du Québec. L'Association des libraires du Québec a profité de cet anniversaire pour créer le Prix d'excellence de l'ALQ qui honore un libraire en soulignant ses «réalisations exceptionnelles». Le Prix a été accordé à Manon Trépanier de la Librairie Alire à Longueuil.

Photo: PC

Patrick deWitt