Max Gros-Louis est sans doute le plus connu et le plus coloré des représentants des Premières Nations canadiennes. Dans la biographie qu'il lui consacre, le journaliste Alain Bouchard dévoile les mille vies de l'ancien grand chef des Hurons de Wendake, qu'on a parfois voulu réduire à un excentrique joueur de tam-tam pendant les matchs des Nordiques. (Les joueurs Pierre Lacroix et Dave Pichette témoignent d'ailleurs dans le livre.)

Max Gros-Louis, - Magella de son prénom ou Oné-Onti pour les Hurons -, fut aussi boxeur, défricheur, guide de chasse et pêche, entrepreneur, vendeur de machines à coudre, danseur folklorique et de tango, et chef de famille. Il a eu la garde de ses cinq enfants et en a pris d'autres sous son aile.

L'histoire de ce grand défenseur de la cause amérindienne est importante, ne serait-ce que pour rappeler le chemin parcouru depuis les années soixante, alors que la Loi canadienne sur les Sauvages faisait des Autochtones des «êtres mineurs», leur interdisait d'être propriétaires ou de boire de l'alcool sous peine d'emprisonnement et ne leur permettait d'échapper à ce statut qu'en renonçant officiellement à leur culture et à leur patrimoine.

En 1992, Max Gros-Louis a fait scandale en déclarant à la télé française que la Loi sur les Indiens était un «génocide planifié». Seize ans plus tard, le premier ministre Harper présentait officiellement ses excuses aux Premières Nations en reconnaissant que la politique d'assimiliation des pensionnats indiens, dont certains se sont servi pour «tuer l'Indien au sein de l'enfant», avait fait beaucoup de mal et causé des dommages durables à la culture et au patrimoine autochtones.

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Max Gros-Louis, le corbeau de Wendake. Alain Bouchard. Éditions La Presse, 224 pages.