Tenu secret quasi jusqu'à la dernière minute, le premier roman pour adultes de J.K. Rowling, The Casual Vacancy, a été lancé publiquement hier soir par son auteure, dans la grande salle Queen Elizabeth Hall du Southbank Centre, à Londres. En présence de 900 spectateurs et du journaliste de la BBC Marc Lawson - ainsi que de milliers d'internautes qui suivaient la chose en direct - l'écrivain, célèbre pour sa série Harry Potter, a expliqué sa démarche.

C'est une J.K. Rowling un peu fatiguée, mais surtout souriante qui a lu des extraits de son livre et répondu aux questions de Marc Lawson, devant une salle remplie à craquer d'un public attentif (les billets pour ce lancement public se sont vendus en moins de 24 heures, en août dernier).

Entre autres choses, J.K. Rowling y a affirmé avec vigueur que, non, il ne fallait pas établir de parallèle entre «Harry « (Potter) et «Barry» (Fairweather, personnage qui meurt dès le début de The Casual Vacancy): «Ça ne m'a jamais traversé l'esprit», s'est-elle exclamée, un brin agacée par le rapprochement établi par plusieurs. Et, non, elle ne l'avait pas non plus baptisé Barry afin de tuer symboliquement son premier éditeur (Barry Cunningham), malgré ce qu'affirme ce dernier. «Au moins, s'est réjouie avec humour l'auteure, personne ne trouvera dans ce livre un nom qui rime avec Hermione!»

Plus sérieusement, elle a parlé de l'importance pour elle d'avoir créé dans ce roman un couple de parents sikhs, inspirée par une conversation avec une amie pakistanaise sur le traitement égalitaire accordée aux hommes et aux femmes dans la religion sikhe. S'en est suivi un échange sur les diverses religions qui ont cours en Angleterre: «La spiritualité et la foi sont des questions auxquelles je pense beaucoup», a conclu la romancière sur le sujet. «La mort m'obsède. La mortalité m'obsède», a-t-elle également reconnu. «Être parent, c'est un processus constant de perte (de l'enfant)», a aussi précisé J.K.Rowling, qui a mis en scène plusieurs familles dans son premier roman pour adultes, dont certaines carrément dysfonctionnelles.

Critiques: pour le meilleur et pour le pire

La question des critiques déjà parues sur le livre n'a pas été abordée pendant ce lancement public. The Casual Vacancy a pourtant eu droit, en moins de 24 heures, à tout le spectre possible des qualificatifs, du pire au meilleur - les critiques américaines étant généralement plus négatives que les britanniques. Ainsi, le quotidien anglais centre-gauche The Guardian le qualifie de «roman anglais solide, traditionnel et peu audacieux, [...] pas mauvais du tout, intelligent, bien fait et souvent drôle». De son côté, le populiste Daily Mirror lui accorde cinq étoiles et le considère comme «une évocation de la société britannique d'aujourd'hui étonnante, brillante, à la fois émouvante et divertissante».

Mais aux États-Unis, les critiques sont plus désenchantées: «Il n'y a pas de magie dans ce livre», assène The New York Times alors que le Daily News constate: «The Casual Vacancy n'est pas horrible, il est simplement ennuyeux.» Le quotidien canadien anglais Globe and Mail abonde dans le même sens. Tous, ici et outre-mer, reconnaissent pourtant que les attentes étaient telles que pas un auteur n'aurait pu y répondre. La version française du livre, intitulée Une place à prendre, sort aujourd'hui en Europe et demain, au Québec.