Quand Toni Morrison parle, on l'écoute. Porte-parole respectée des Noirs américains, elle a pourtant hésité à appuyer Barack Obama lors de la course à l'investiture démocrate, il y a quatre ans. Il faut dire que son opposante était une femme, Hillary Clinton, et que le choix était difficile à faire, a-t-elle déjà raconté en entrevue.

C'est un coup de fil de Barack Obama qui l'a fait changer d'opinion, et elle n'a jamais regretté son choix. Le bilan du premier mandat d'Obama la satisfait amplement: «Il est devenu encore meilleur que je l'espérais.» «C'est fou ce qu'il a réussi, alors que ses opposants se sont juré d'en faire le président d'un seul mandat. Moi, je le trouve incroyablement intelligent.» Elle raconte comment elle l'a rencontré pour la première fois en juin, lorsqu'elle a été décorée de la médaille de la Liberté, en même temps que Bob Dylan. «Quel bonheur.»

Mais la campagne présidentielle qui se déroule en ce moment la dégoûte, précise-t-elle. La propagande et le pouvoir de l'argent ont pris des proportions trop importantes - la première campagne d'Obama s'est faite avec de petits dons, rappelle-t-elle, ce qu'il ne peut se permettre cette année-, et les attaques personnelles sont de plus en plus vicieuses. Elle rigole bien fort lorsqu'on lui demande si Obama représente le début d'une ère post-raciste. «Je n'ai jamais vu autant de coups bas depuis Roosevelt, qui a été mon premier président!»