Après des mois de suspense, Gallimard a convaincu le propriétaire italien de Flammarion de lui céder sa filiale française, une opportunité historique pour le groupe d'édition centenaire qui deviendra avec l'acquisition de cette pépite le troisième du secteur dans l'Hexagone.

«Le prix d'acquisition s'élèverait à environ 185 millions d'euros sur la base de la valeur des fonds propres après déduction de la dette nette ajustée de Flammarion et des intérêts minoritaires», a précisé mercredi Gallimard dans un communiqué. La transaction reste soumise à l'approbation des autorités de la concurrence.

La veille, le groupe italien de presse et d'édition RCS Mediagroup, endetté à hauteur de 980 millions d'euros, avait indiqué accepter «une offre de 251 millions d'euros» de Gallimard.

L'offre a été présentée par Madrigall, la holding familiale qui contrôle Gallimard, et elle porte sur l'acquisition de 100% de RCS Libri, la branche livre de RCS Mediagroup.

RCS Libri a l'intention «d'accepter l'offre après consultation des instances représentatives du personnel», ajoute Gallimard.

En rachetant Flammarion, Antoine Gallimard, petit-fils du créateur de la maison dont il est PDG depuis 1988, va former un groupe de près de 500 millions d'euros de chiffre d'affaires, se hissant dans le trio de tête du monde de l'édition en France derrière Hachette Livre (Lagardère) et Editis (Planeta).

«Ce rapprochement de deux acteurs historiques du monde de l'édition, dans le respect de leurs cultures respectives, permettrait de créer le troisième éditeur français, indépendant (...) et créerait de nouvelles perspectives de développement à l'orée de l'avènement du livre numérique», souligne Gallimard.

Goncourt

Reste à savoir comment se fera l'intégration de Flammarion. Antoine Gallimard a laissé entendre qu'il maintiendrait l'indépendance de la maison dirigée depuis 2005 par Teresa Cremisi. Pas d'inquiétude, semble-t-il, du côté de la PDG de Flammarion, qui a été auparavant le bras droit d'Antoine Gallimard.

«Flammarion aura un actionnaire illustre, qui montre par cette opération son courage et sa vision. Il saura préserver et renforcer l'indépendance des éditeurs, indépendance qui fait la force, le dynamisme et l'originalité de toute entreprise culturelle», a déclaré Teresa Cremisi mercredi à l'AFP.

Les deux éditeurs plus que centenaires, qui ont raflé les deux derniers Goncourt, Michel Houellebecq (Flammarion) et Alexis Jenni (Gallimard), sont «des maisons complémentaires», avait fait valoir Antoine Gallimard début juin.

Toutefois, les deux groupes disposent chacun de collections de poche, Folio (Gallimard) et J'ai Lu (Flammarion) et ont chacun leur propre réseau de distribution, ce qui pourrait créer des doublons.

Flammarion compte aussi dans ses filiales l'éditeur de Tintin, Casterman.

Le groupe mis en vente en janvier par RCS avait suscité l'intérêt de plusieurs éditeurs français et étrangers avant que Gallimard ne reste seul en lice.

Avec un résultat d'exploitation de 15 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 220 millions d'euros (sans compter les 58 millions de la distribution), et forte d'un catalogue de 27 000 titres, Flammarion affiche une belle rentabilité pour le secteur.

D'un poids sensiblement supérieur avec un chiffre d'affaires de 253 millions d'euros, Gallimard publie 1500 nouveautés par an et compte 1000 salariés. Également diffuseur et distributeur, il est aussi présent au Canada, en Belgique et en Suisse.

Outre la dizaine de maisons d'édition du groupe, dont Denoël, Mercure de France, P.O.L ou Futuropolis, Gallimard est partenaire avec Flammarion et La Martinière de la plate-forme de distribution numérique Eden.