Simon Boulerice, illustrations de Luc Paradis

La mèche, 87 pages

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Le prolifique Simon Boulerice a lui-même porté à la scène Martine à la plage, pièce pour une seule comédienne créée en 2009, qu'on pourrait résumer en parlant d'un joyeux délire sur le thème de «l'amour rend aveugle». Son héroïne est en effet une adolescente un brin trop naïve pour ses 15 ans, qui souffre de myopie sévère, lit son avenir dans un jeu de Ouija et tombe amoureuse de son voisin, un optométriste albinos. Ce texte imaginatif fait maintenant l'objet d'une publication dans une version légèrement remaniée et illustrée par Luc Paradis. L'idée d'ajouter des images au texte a quelque chose de sympathique, puisqu'elle renforce le clin d'oeil ironique à la série Martine, lancée dans les années 50, déjà présent dans la pièce. Or, même en supposant qu'on adhère à l'esthétique «faussement maladroite» des crayonnés de l'artiste, qui prend ainsi ses distances avec l'imagerie plus que parfaite de la série française, cette coquetterie éditoriale n'apporte pas grand-chose à l'oeuvre elle-même. D'autant plus que la réussite de Martine à la plage ne tenait pas qu'à l'écriture directe et ludique de Simon Boulerice, mais au dialogue inspiré qu'elle entretenait avec les codes de la représentation théâtrale.