Toute la semaine, on a cru que Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle, superbement défendu par Gildor Roy, allait l'emporter. Mais c'est finalement La petite et le vieux de Marie-Renée Lavoie, protégé avec beaucoup de coeur par le docteur Yves Lamontagne, qui a gagné.

Et cela, autant du côté du « jury citoyen » que du Prix du public. Nabila Ben Youssef, qui défendait Le sourire de la petite juive d'Abla Farhoud, s'était ralliée à Gildor Roy tandis que Tasha Kheiriddin, qui avait vu la veille La voleuse d'hommes de Margaret Atwood éliminée, avait choisi le camp du docteur Lamontagne.

Dès le début de Plus on est de fous, plus on lit! hier soir, le jury a souligné que deux visions de la littérature s'affrontaient. L'une plus classique et l'autre « ouverte sur l'avenir »...

Au départ, ce qui plombait Chroniques de Jérusalem est qu'il ne s'agissait pas d'un roman au sens traditionnel du terme, mais d'un « roman graphique », une tendance de plus en plus forte dans le monde de la bande dessinée, qui séduit de plus en plus de lecteurs. Gildor Roy a su en faire une force et se tailler une place en finale.

Le jury citoyen - allumé et exigeant, il faut le souligner - n'a pas été unanime. C'est l'émotion qui a pris le dessus.

On a aimé la défense de Yves Lamontagne et le fait qu'il s'agissait d'un roman de la relève québécoise, proche des déshérités et des marginaux.

Très intéressante, l'idée de ce jury, en fait, qui diminue l'impact des alliances stratégiques qu'on a pu voir dans les dernières années au Combat des livres.

C'est peut-être aussi ce qui explique que les duels ont été bien moins enflammés. Nous avons connu des combats pas mal plus sanglants.

La voie de la sagesse, en somme, est moins criarde, et l'animatrice Marie-Louise Arsenault n'a pas eu à affronter une mêlée ingérable.

Tout le monde était d'accord pour dire qu'il y avait eu une belle chimie entre les participants et qu'au bout du compte, le but de l'exercice est de donner le goût de lire.