L'écrivain hongrois d'origine juive Akos Kertész, âgé de 80 ans, a demandé l'asile politique au Canada, a indiqué dimanche son service de presse.

«L'écrivain Akos Kertész est parti au Canada le 29 février et a demandé l'asile politique auprès des autorités canadiennes», a indiqué dans un communiqué le service de presse de l'écrivain, lauréat du plus prestigieux prix littéraire hongrois, le prix Kossuth.

«Je n'ai pas pris ma décision contre la Hongrie et le peuple hongrois mais contre le pouvoir actuel, j'espère pouvoir retourner de nouveau dans une Hongrie humaine et démocratique», a déclaré l'écrivain, cité dans le communiqué.

«Après la parution de son article dans le (journal hongrois publié aux États-Unis) Népszava américain en août, une campagne politique a été lancée contre lui, non seulement par la mairie de Budapest, mais aussi au sein du gouvernement et du parlement, dans laquelle il a perdu son titre de citoyen d'honneur de Budapest», a relaté le service de presse.

Fin août, M. Kertész avait qualifié dans cet article le peuple hongrois de «génétiquement inférieur», pour sa responsabilité durant l'Holocauste, et reproche à ses compatriotes de ne jamais avoir assumé leur responsabilité dans le massacre de plus de 400 000 juifs hongrois. Comme la Hongrie «n'a pas demandé pardon, elle ne recevra pas d'absolution non plus», écrivait M. Kertész.

Il avait aussi comparé les Hongrois à des porcs qui «aiment se tortiller dans la boue sans se soucier du boucher qui leur tranchera bientôt la gorge».

M. Kertész avait rectifié en septembre son article en omettant la partie «génétiquement inférieure».

«Suite à la campagne politique de la presse proche du gouvernement, M. Kertész a subi des menaces et des harcèlements, il a senti sa vie en danger», a expliqué le service de presse, insistant que «si une personne de 80 ans décide de quitter sa patrie, cela en dit long sur son pays aussi».

Le premier ministre conservateur Viktor Orban est accusé de dérive autoritaire par ses opposants et a été sommé par l'exécutif européen, gardien des traités de l'UE, de modifier plusieurs lois controversées risquant aux yeux de leurs détracteurs de réduire l'indépendance de la Banque centrale hongroise et de permettre au pouvoir de contrôler le pouvoir judiciaire. Sa loi sur la presse est aussi critiquée.