Claude Legault «braille comme un veau» quand il (re)lit Cyrano de Bergerac, la pièce d'Edmond Rostand (1897), qui représente pour lui l'oeuvre universelle absolue. «Tout est là», a lancé hier l'invité de la série «La bibliothèque de...», animée par Guy Berthiaume, PDG de la Grande Bibliothèque. «Cyrano, c'est d'abord une histoire d'amour compliquée, et l'aventure et l'histoire qui se fondent dans un immense drame humain», a répondu Legault à une dame qui lui demandait quel livre avait changé sa vie.

On a tendance à considérer Claude Legault, champion d'impro et humoriste, comme un homme de scène, mais la liste de ses dix livres préférés comptait trois pièces de théâtre alors qu'il n'a joué sur la scène que deux fois au cours de sa carrière... «À la télévision, j'ai toujours eu deux chapeaux: auteur et acteur», a expliqué l'auteur de Minuit le soir et la vedette de 19-2. «Ça ne me laisse pas de temps pour le théâtre.»

Il n'en a pas moins dans sa liste Marius de Marcel Pagnol (1946), à qui le Michel Tremblay des Belles-Soeurs (1968) a maintes fois été comparé, a rappelé Guy Berthiaume, à cause de l'utilisation d'un parler régional comme tremplin vers l'universel. Pour Legault, l'accent parlé - qu'il soit du sud de la France ou du Québec - fait partie des racines d'une communauté et ne saurait constituer un facteur d'exclusion. Quant à Tremblay, l'ado difficile s'était vite senti attiré: «On le disait mal engueulé et vulgaire: c'était pour moi...»

Féru d'histoire

Claude Legault, on le voit vite, est un féru d'histoire et ses lectures le confirment. Ainsi, il a lu les sept volumes des Rois maudits de Maurice Druon (1918-2009), ancien secrétaire perpétuel de l'Académie française, qui avait tourné en ridicule les tentatives québécoises de féminisation des titres - la ministre, la députée, etc. Une plume magnifique, malgré tout, dira Claude Legault, pour qui les 13 générations royales touchées par la malédiction du grand maître des Templiers sont devenues familières.

À l'entendre, on serait toutefois porté à croire que le sujet de prédilection de ce mâle hyperactif et néanmoins sensible est la guerre. La Seconde Guerre, surtout, celle qui a vu son oncle maternel débarquer en Normandie le 6 juin 1944, jour J que Legault est allé vivre récemment sur la même plage... en moins dangereux. Max Gallo vient de lancer le 4e tome de son Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, mais Claude Legault a lu juste le premier, celui où la France tombe sous la botte allemande en moins d'un mois.

Parmi les autres livres favoris de Legault: la série de BD Chroniques de la lune noire; le collectif d'amants du hockey Une enfance bleu-blanc-rouge qu'avait dirigé Marc Robitaille en 2000; l'essai récent L'industrie de la corruption de Paul Sauvé, dont la lecture le met «en tabarnak», et Coke en stock, le Tintin que le jeune Legault s'est acheté le jour où il a décidé de redescendre tranquillement du pont Jacques-Cartier au lieu de sauter dans le fleuve...

Enfin, le seul roman de la liste: Carnets de naufrage de Guillaume Vigneault. Non, Claude Legault n'aime pas que les histoires tristes, mais son coeur balance: «Si les histoires d'amour étaient faciles, on ne lirait jamais de bons romans...»