On connaît le réalisme magique latino-américain, moins sa version balkanique. Quel bonheur d'avoir comme guide dans ce sentier Téa Obreht qui, pour ce qui est de la maturité littéraire, fait bien plus que ses 25 ans !

La femme du tigre, son premier roman, raconte Natalia, médecin qui oeuvre dans une ex-Yougoslavie en train de se remettre de la guerre. Nous sommes au début de ce siècle et la jeune femme, en mission humanitaire, part vacciner des orphelins dans un village isolé - où elle apprendra la mort de son grand-père, médecin et conteur. Le quotidien de la jeune femme se mêle alors aux histoires que l'aïeul lui racontait. Sur ces terres encore meurtries, au sein de cette population où les mythes ont encore leur place, Natalia, sa science et son savoir vont s'humaniser.

Téa Obreht livre ici «son» Livre de la jungle -où se côtoient en beauté une jeune femme d'aujourd'hui, un homme qui ne peut pas mourir, un apothicaire turc, une sourde et, bien sûr, un tigre.

Le réalisme et le merveilleux marchent main dans la main, le temps d'un voyage où la chronologie est déconstruite, qu'il faut prendre le temps d'apprivoiser, mais qui devient vite aussi beau que dépaysant.

La femme du tigre

TÉA OBREHT

CALMANN-LÉVY, 331 PAGES

***1/2