Dans le coin d'un stand communautaire du Salon du livre, trois étagères contiennent les titres de Marcel Broquet - La nouvelle édition.  Entre le soleil et moi de Cora Tsouflidou, la Cora des déjeuners; Ces vêtements qui tuent, du Dr Brian Clement, sur les dangers des fibres synthétiques; La danse des évêques, roman noir d'André K. Baby; un beau livre sur le peintre Umberto Bruni écrit par Rosette Pipar, la partenaire de Marcel Broquet dans La nouvelle édition.

«L'ancienne» édition, Marcel Broquet l'a vendue à son fils Antoine il y a dix ans, dans le but de prendre sa retraite. «Une retraite qui a duré deux semaines», nous dira M. Broquet en évoquant un des points tournants de sa carrière telle qu'on peut le lire dans le récit autobiographique Laissez-moi vous raconter... 53 ans dans le monde du livre.

À part Pierre Lespérance des Éditions de l'Homme, aucun éditeur québécois, sauf erreur, ne peut revendiquer un demi-siècle de carrière dans ce merveilleux métier où il est aussi important de savoir compter que de savoir lire.

À peine arrivé au Québec de sa Suisse natale, Marcel Broquet décide de se créer son Eldorado nordique... à Verdun. En 1958, Verdun n'a ni bar ni librairie. Broquet, qui ne connaît rien au livre ni à son marché, décide de se faire libraire et s'installe rue Wellington (plus tard rue Verdun) sous l'enseigne Librairie Liaisons.

La liaison mettra du temps à se faire avec les Verdunois qui travaillent «en ville» et y achètent leurs livres, surtout français.  C'est l'époque de la «guerre du livre» où les gros libraires-éditeurs - les Beauchemin, Granger et cie - se partagent le marché avec les Français. C'est aussi l'époque du patronage à la Duplessis, le régime des tizamis... L'étranger finit quand même par faire sa place, se constitue même un petit réseau de distribution pour servir des librairies de Plessisville, Saint-Pierre-et-Miquelon et Havre-Saint-Pierre.

«Le premier salon du livre auquel j'ai participé se tenait au Palais du commerce, rue Berri, là où se trouve aujourd'hui la Grande Bibliothèque. C'était en 1958 et ce salon, qui devait réunir une cinquantaine d'éditeurs,  avait été organisé par Léon Patenaude, un proche de Jean Drapeau et de Pax Plante.»

Plus tard, Marcel Broquet a déménagé «en ville» et, quand un éditeur suisse qu'il distribuait au Québec, lui a offert 1000 exemplaires de la traduction française d'un livre américain sur les oiseaux d'Amérique du Nord, Mme Broquet, qui aimait les livres sur la nature,  a dit; «Non ! Nous allons éditer ce livre nous-mêmes!»

Et Marcel Broquet n'a jamais cessé d'éditer depuis. Sauf pendant ses deux semaines de retraite.  

Une bio de Françoise Kayler

L'historienne et essayiste Hélène-Andrée Bizier est au Salon avec L'ABC des bonnes manières (Publistar) qu'elle a cosigné avec Marie-Diane Faucher. L'arrivée du téléphone portable, notamment, a ramené sur le tapis plusieurs facettes du code de politesse classique, nous dit Mme Bizier.

Son prochain ouvrage, toutefois, sera d'un tout autre ordre : Hélène-Andrée Bizier travaille à une biographie de la critique gastronomique Françoise Kayler, notre ancienne collègue de La Presse disparue en 2010. «Mon objectif est d'analyser en parallèle l'évolution de la gastronomie québécoise et celle de la critique gastronomique au Québec.»

L'ouvrage sur «Madame Kayler» - en l'honneur de qui l'ITHQ a nommé une salle l'an dernier - sera publié chez Fides.

On salive déjà...

L'homme aux 1000 visages



Jean-Guy Moreau a bien aimé l'expérience de travailler avec sa fille Sophie qui a écrit sa biographie Jean-Guy Moreau - 50 ans, 1000 visages... «Je ne l'aurais pas fait avec quelqu'un d'autre», nous a confié M. Moreau, jeudi au stand de Michel Brûlé. «Sophie a appris des choses sur moi et j'en suis heureux.»

Un point confirmé par la biographe : «Il y a plein d'aspects de la vie de leurs parents que les enfants n'ont jamais la chance de connaître, dit Sophie Moreau. Leur enfance, entre autres. Comment leur père ou leur mère étaient à l'école... J'ai aussi beaucoup appris sur mon père en parlant avec des gens qui le connaissent depuis longtemps, comme ami ou collègue de travail.» «Pas juste par le nombre de brosses prises ensemble», précise le «biographié»...

Jean-Guy Moreau, 68 ans, reprend la route pour une troisième saison avec le spectacle La boîte à chansons auquel se joint Claire Pelletier en remplacement de Claude Gauthier, au repos après un malaise cardiaque subi samedi dernier. «Personne ne remplace Claude Gauthier, lance-t-il, mais l'arrivée d'une voix féminine est une belle addition. Quand Claire chante L'hiver de Vigneault et Léveillée, tout le monde a des frissons...»

Les autres voix de La boîte à chansons sont Pierre Calvé et Pierre Létourneau, qu'accompagnent Michel Robidoux à la guitare et Michel Donato à la contrebasse. Pas de batterie, ni de piano. «Dans le temps, se rappelle Jean-Guy Moreau, quand on arrivait dans le sous-sol d'église pour le spectacle, fallait trouver un aveugle  pour l'accorder....»