Le retrait d'une subvention de Patrimoine canadien a plombé le moral de Michelle Corbeil, directrice artistique du Festival international de la littérature (FIL), à six semaines de l'ouverture de l'événement. Mais l'appui indéfectible qu'elle a reçu en retour l'a remise rapidement en selle.

«Il y a eu un tel soutien de la part des artistes, des écrivains et du public, tout le monde a répondu présent, dit-elle. C'est une telle charge d'amour, une vraie mobilisation. C'est ce qui m'a permis de passer au travers et c'est ce qui fait que le festival a connu cette année le même succès que toutes les autres années.»

Oui, les spectateurs sont allés voir le très populaire Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, Arthur H., le Cabaret pas tranquille, le Dub&Litté ou Amour et libertinage, chaque fois en témoignant leur soutien au FIL. Il reste encore trois représentations du spectacle Extinction de Serge Merlin au Prospero, mais Michelle Corbeil peut déjà affirmer que l'assistance est la même qu'à pareille date l'an dernier, c'est-à-dire qu'elle a rempli ses salles à 80% de leur capacité.

Et cela, malgré le fait qu'elle a dû couper dans la promotion de son événement et... mis son salaire en suspens. «Je n'ai pas le choix; il faut que je paie les gens. Dès le départ, c'était très important pour moi, il n'était pas question de toucher aux droits d'auteurs. C'est vraiment ma grande priorité, et c'est une grosse partie de mon budget.»

Michelle Corbeil tenait déjà son événement à bout de bras quand elle a su que Patrimoine canadien lui retirait sa subvention de 65 000$. À ce jour, on ne lui a jamais donné d'explication autre qu'il «fallait faire des choix.» Or, la feuille de route de Michelle Corbeil est exemplaire. Aucun déficit. Une affluence toujours grandissante. Elle recevait cette subvention depuis 2002, et on lui avait même suggéré l'an dernier de faire une demande pluriannuelle, d'où la surprise de cette coupe. «Que s'est-il passé? Je ne le sais toujours pas» dit-elle.

Garder le cap

Pour replacer les choses en contexte, il faut savoir que 65 000$ sur 500 000$, cela représente 13% du budget du FIL, un festival qui n'a «aucun gras», comme le dit sa directrice. Ce sera son premier déficit, et elle puise pour la première fois dans la marge de crédit. Elle compte se renflouer avec les spectacles-bénéfices organisés chaque année pour le FIL et trouver de nouveaux mécènes privés. Elle remplira tout de même encore sa demande à Patrimoine canadien, sans trop savoir ce que ça donnera. Une chose est sûre: il est hors de question de couper dans la qualité artistique du FIL. «Mais peut-être devrons-nous réduire l'événement à 6 ou 7 jours plutôt que 10 jours.»

Forte de ses appuis, Michelle Corbeil affirme qu'elle ne peut pas baisser les bras, et que le FIL reviendra l'an prochain. «Je dois m'asseoir avec le conseil d'administration et trouver des solutions. On va travailler très fort pour que le festival continue d'exister.»