Philippe Lavalette a passé sa vie à mesurer l'espace, la lumière, le temps. De jeune arpenteur à vétéran cinéaste, il a consigné dans ses carnets personnels bien plus que des anecdotes, des distances ou des ASA (unités de mesure de sensibilité de la lumière). Le bon arpenteur-cinéaste sait capter le sens du temps et l'essence des gens à Montréal, Gaza ou Tokyo. L'oeil alerte, la psychologie fine et le verbe clair, il décrit dans ce charmant petit livre le merveilleux monde du cinéma.

On y côtoie des gens que le 7e art a rendus célèbres, comme Anna Karina et Henri Alekan, des personnalités que célèbre le cinéma, Henri Laborit, Riopelle, Hubert Reeves et Kent Nagano, mais aussi et, surtout, ceux qu'on ne voit jamais à l'écran bien qu'ils servent souvent le propos d'un film: le paysan biélorusse opportuniste; de dangereux caïds haïtiens; et Manu, l'apprenti caméraman.

Le directeur photo, dans un tournage, occupe un siège privilégié. C'est par son oeil que nous est offert le monde. C'est dans sa tête que se définissent les êtres et les lieux, la distance entre la réalité et ce qu'il en restera à l'écran. Avec ce narrateur humaniste, on côtoie la misère, le danger, la bêtise, mais la beauté et la bonté aussi. Un beau condensé de cinéma-vérité où la vérité du cinéma n'est pas un obstacle à la vie.

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La mesure du monde

Philippe Lavalette

ÉDITIONS MARCHAND DE FEUILLES, 168 PAGES

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