Un forum sur la création littéraire se tiendra ce week-end à Montréal, le premier depuis près de 20 ans à s'intéresser au statut des écrivains, à leur travail et à leurs conditions de vie. Organisé par le Conseil des arts et de lettres du Québec (CALQ) à la demande même du milieu littéraire, ce forum sera une occasion de dresser un état des lieux, mais aussi de se tourner vers l'avenir.

«Ce n'est pas du luxe qu'un secteur artistique fasse le point une fois par 20 ans», croit le PDG du CALQ, Yvan Gauthier, qui souligne que, s'il y a des rencontres dont le livre était le dénominateur commun, celles où les créateurs sont au coeur des discussions sont plus rares, la plus récente remontant à 1992.

Plusieurs thèmes seront abordés à l'occasion de ce forum, de la diffusion à l'étranger aux conditions de vie, en passant par les nouveaux espaces de pratique littéraire. L'invitation du CALQ répond clairement à un besoin: 150 personnes sont déjà inscrites aux six ateliers qui se tiendront en fin de semaine à la Grande bibliothèque. «En comptant les invités et les conférenciers, on frôle le 200, estime M. Gauthier. Il y aura des gens de tous les horizons, des écrivains, des libraires, des éditeurs...»

Le milieu de la littérature a énormément changé en 20 ans, souligne Yvan Gauthier. «Il y a eu une intensification de la création littéraire au Québec. Le soutien accordé n'est plus le même non plus, il y a eu une grande structuration de l'aide. Mais est-ce suffisant?»

En retard

L'auteure et poète Carole David, qui participera à l'atelier sur la vie associative, croit que non. «Le secteur littéraire est en retard sur les autres du point de vue du financement. Une refonte des programmes doit être faite, il faut voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.» La plénière du dimanche, espère-t-elle, mènera à un consensus clair. Au CALQ, si on précise que l'événement est d'abord un lieu de discussion, on estime que rien n'empêche les acteurs du milieu d'en repartir avec des demandes précises.

«C'est sûr qu'on va parler du numérique, dit Carole David, mais ça va plus loin que ça, il s'agit du statut de l'écrivain. Qui est écrivain aujourd'hui? Les conditions ont changé, mais il y a un manque d'argent évident, même dans les associations, les gens travaillent pour presque rien. La plupart des écrivains ont un deuxième emploi: pour un Michel Tremblay ou une Marie Laberge, il y en a plein qui vivotent.»

Comparativement au milieu du théâtre ou de la danse, celui de la littérature est peu organisé, estime Mme David. Mais il devra se préparer à ce qui s'en vient, l'arrivée du numérique aura une grande incidence sur les droits d'auteur, par exemple, et la propriété intellectuelle. «En termes de création, les nouvelles technologies ne sont pas marginales non plus. L'autopublication est de plus en plus importante et offre des possibilités infinies.»

Un milieu en mutation et des intervenants de partout pour en parler: ceux qui ne peuvent se déplacer pourront suivre le Forum sur la création littéraire de bien des manières, sur Twitter pour les ateliers en direct (#FCLQ), la table ronde d'ouverture de vendredi soir et la plénière de dimanche matin seront webdiffusées (webdiffusion.uqam.ca) et chaque atelier fera l'objet de forums de discussion sur Facebook.

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Infos: www.calq.gouv.qc.ca