Le Prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa pourra inaugurer la Foire du Livre de Buenos Aires malgré un appel lancé par des intellectuels proches du pouvoir pour l'en empêcher, a déclaré mercredi le chef du gouvernement argentin, Anibal Fernandez.

L'écrivain péruvien, ancien candidat de centre-droit à l'élection présidentielle du Pérou en 1990, est un critique féroce de la présidente de centre-gauche argentine, Cristina Kirchner.

«Je réaffirme la liberté reconquise en Argentine et si c'est Vargas Llosa qui doit être présent (à l'inauguration de la Foire du Livre), il sera présent», a déclaré à la presse M. Fernandez. «Je rejoins ce qu'a dit la présidente» Kirchner, a-t-il ajouté.

Le directeur de la Bibliothèque nationale, Horacio Gonzalez, qui avait demandé par écrit aux organisateurs de la Foire du Livre d'annuler l'invitation faite au Prix Nobel pour qu'il inaugure l'événement culturel, a révélé que Mme Kirchner lui avait demandé elle-même de retirer sa lettre.

«Comme (Mme Kirchner) me l'a dit, la vie littéraire et le débat de société n'est pas concevable sans un respect absolu de la parole des écrivains», a dit M. Gonzalez. Membre du groupe Carta Abierta (Lettre Ouverte) proche du pouvoir, M. Gonzalez a fait savoir aux organisateurs qu'il retirait sa lettre.

«Je ne partage pas les idées politiques de Vargas Llosa, mais aucun écrivain ne peut s'octroyer le droit de demander qu'on censure et qu'on réduise au silence un collègue», a dit de son côté l'écrivain Federico Andahazi.

Cette polémique intervient alors que l'élection présidentielle doit avoir lieu en octobre. Mme Kirchner n'a pas encore dit si elle comptait briguer un deuxième mandat.

Mario Vargas Llosa a souvent critiqué la présidente et son mari et prédécesseur Nestor Kirchner, décédé en octobre. «Ce n'est pas possible que l'Argentine, avec tout ce qu'elle représente du point de vue culturel, puisse élire un président si inculte», avait-il dit après avoir reçu le prix Nobel.