L'automne nous a apporté un fort lot d'ouvrages sur l'histoire sociale, religieuse et culturelle du Québec, livres de belle tenue qui couvrent en textes et en images de vastes pans de notre passé, lointain ou récent.

Elles étaient hospitalières, cuisinières ou enseignantes. Leurs contre-parties masculines se consacraient à l'enseignement aux fils d'ouvriers ou, dans les collèges classiques, à l'élite savante qui allait fournir la province en avocats, en notaires et en curés.

Pendant plus d'un siècle, les soeurs, les «petits frères» et les pères de toutes obédiences ont été des acteurs de premier plan de la société canadienne-française, au Québec et ailleurs au Canada.

La vie dans les communautés religieuses - L'âge de la ferveur 1840-1960 (Libre Expression, 221 p., 34,95$) retrace, en textes et en images, l'histoire de ces hommes et de ces femmes qui, dès leur plus jeune âge, «répondaient à l'appel de Dieu» pour consacrer leur vie qui aux malades et aux orphelins qui à cette jeunesse qu'ils avaient pour mission de garder sur le droit chemin.

«La plupart des religieux que j'ai rencontrés étaient motivés par leur foi», nous dira l'auteur Claude Gravel, ancien journaliste de La Presse et de Radio-Canada qui a fait sa petite école avec les Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie à Saint-Jean-de-Matha. Ses contemporaines fréquentaient les couvents des Soeurs de la puissante Congrégation Notre-Dame, des Soeurs de Sainte-Anne ou des Ursulines.

Les baby-boomers représentent la dernière génération de Québécois à avoir appris à lire dans des écoles dirigées par les Frères de l'Instruction chrétienne, des Écoles chrétiennes ou des frères Maristes dont faisait partie Jean-Paul Desbiens alias Fr. Pierre Jérôme. Le célèbre Frère Untel, on le rappelle, a publié ses Insolences il y a 50 ans, alors que s'amorçait le retrait des communautés religieuses - une centaine en 1960 - des institutions d'éducation et de santé. «Le monde dont parle ce livre n'existe plus» ...

La Butte à Mathieu

«Un lieu mythique dans l'histoire de la chanson au Québec», souligne avec justesse le sous-titre de La Butte à Mathieu (vlb éditeur, 168 p., 34,95$), écrit conjointement par le journaliste-écrivain Sylvain Rivière et Gilles Mathieu, le gars de la Butte lui-même

En 1959, Gilles Mathieu a mis Val-David sur la mappe en ouvrant, près de la gare du P'tit Train du Nord, une boîte à chansons qui fera époque. De Gaston Miron à Pauline Julien, de Louise Forestier à Raymond Lévesque, la Butte à Mathieu a présenté tous ceux et celles qui, dans le Québec effervescent de l'époque, prenaient la parole pour «dire le pays». Comme Félix et Vigneault... le même soir, en 1961.

Plus qu'une scène, la Butte a été, jusqu'à sa fermeture en 1976, un rendez-vous pour la bohème montréalaise qui y «montait» souvent, un creuset où se mélangeaient chanson et théâtre, jazz et poésie, un passage obligé pour quiconque aspirait à se faire un nom dans la «chanson à répandre».

Un beau document portant sur une belle époque.

Le Québec en photos

Hélène-Andrée Bizier, elle, a consulté des milliers de dossiers photographiques pour son livre À chacun son métier, quatrième titre de la série Une histoire du Québec en photos (Fides, 392 p., 39,95$).

Défilent sous nos yeux, en noir et blanc, le barbier et le voyageur de commerce, la gouvernante et la buandière, le lumber-jack et le croque-mort. Celui-ci étant le dernier homme de métier auquel ont eu affaire la majorité des sujets de ce livre qui n'en présente pas moins plusieurs exceptions vivantes (et connues) dont le conteur Michel Faubert, l'éditeur Ara Kermoyan, l'actrice Chloé Sainte-Marie et le magnat des médias Philippe de Gaspé Beaubien.

En juin 1946 avec son ami Raymond du Tremblay, le futur maire d'Expo 67 avait fait Montréal-New York en canot pneumatique, sur les mêmes chemins d'eau qu'empruntaient ses ancêtres; sa photo apparaît dans le chapitre La bosse des affaires - «Philippe» l'a toujours... - à côté de celle de Henry Birks.

Un livre pour nos grands-pères dont plusieurs, c'était leur force, ont pratiqué cent métiers...

Lanaudière en contes

Ils étaient peut-être colporteurs ou quêteux comme ces héros des Contes, légendes et récits de Lanaudière que vient de faire paraître aux Éditions Trois-Pistoles Réjean Olivier, l'ancien bibliothécaire du Collège de l'Assomption.

La page couverture montre une image de la chasse-galerie, cette folle équipée en canot - d'écorce, celui-là, mais volant - qui, à la suite d'un pacte entre Baptiste Durand et le diable, avait amené ses voyageurs de la Gatineau à Lavaltrie aller-retour en six heures. La légende de la Chasse-galerie est l'oeuvre d'Honoré Beaugrand (1848-1906), journaliste et écrivain qui a donné son nom a une station de métro. Plus parce qu'il a été maire de Montréal que parce qu'il venait de Lavaltrie, le village voisin de Lanoraie sur le Chemin du Roy, premier chemin carrossable en Amérique du Nord.

Au nord des belles seigneuries de Terrebonne, de L'Assomption et de Saint-Sulpice se sont ensuite développés les cantons du régime anglais: Kilkenny, Rawdon, Kildare, Brandon. Ça fait pas mal d'histoire (s) ...

Ce «livre de bonne foi» (704 p., 74,95$), sans images autres que celles qu'il amène à l'esprit, s'adresse à quiconque habite dans le «carré vert» Lachenaie-Berthier-Saint-Gabriel-Chertsey.

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TOUT SUR «LE PLUS GRAND»

Contrairement au golf, au hockey ou au ski, les cadeaux de boxe sont plutôt rares. Si l'on fait exception des boxers

En voici un et un beau: LE livre sur Muhammad Ali intitulé, comme il se doit, Greatest Of All Times, comme le champion des champions aimait à se qualifier.

L'édition originale de GOAT rien à voir avec quelque bouc que ce soit est sortie en 2003 mais à 4500$ l'exemplaire, seuls les match-makers et les fans de boxe les plus à l'aise pouvaient se le procurer. L'édition de luxe «Champs», avec photos autographiées par le Plus Grand lui-même, pesait 75 livres et coûtait 15 000$. Voici l'édition «démocratisée» que Taschen a lancée en octobre à l'occasion du 50e anniversaire du premier combat professionnel de Cassius Clay victoire par décision sur Tunney Hunsaker et du 30e anniversaire de la maison d'édition allemande. Contenu: tout sur Muhammad Ali ; poids : 16 livres; prix «populaire»: 150$.