Le prix Goncourt des lycéens 2010 a été décerné mardi à Rennes à Mathias Enard, avec six voix au 2e tour de scrutin, pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants (Actes Sud).

Il «a vraiment réussi à nous faire voyager durant tout son roman», a confié la présidente du jury Chedlia Neffati depuis un café de Rennes.

En présence de Bernard Pivot, Chedlia Neffati a souligné que les 13 jurés ont également aimé «la poésie» du roman de Mathias Enard, qui relate le séjour à Constantinople de Michel-Ange, chargé par le vizir de concevoir un pont sur le Bosphore.

«Michel-Ange descend de son piédestal, on découvre ses qualités et ses défauts», a-t-elle souligné. Enard évoque également la «concurrence» avec Léonard de Vinci et les tensions avec le pape, qui le pousse à accepter cette mission.

Les lycéens, dont un Belge, un Hongrois et un Québécois, ont apprécié «l'ambiance orientale» de l'univers recréé par Mathias Enard, dont le titre du roman a été inspiré par un poème de Rudyard Kipling.

Mais «les débats ont été féroces, avec des avis très différents et bien argumentés: chacun des sept romans encore en lice avaient leurs défenseurs», a ajouté la jeune élève du lycée Henri Matisse de Vence.

Le roman de Fouad Laroui Une année chez les Français (Billiard) est arrivé en deuxième position, devant Virginie Despentes Apocalypse Baby (Grasset), la lauréate du Renaudot décerné la veille.

Membre du jury Goncourt, Bernard Pivot a d'ailleurs noté que «ce très bon roman historique» figurait parmi les quatre derniers sélectionnés du prix littéraire remis lundi à Michel Houellebecq.

«C'est une histoire extraordinaire, remarquable, avec un style extrêmement précis», a-t-il salué. Ce 23e Goncourt des lycéens, qui connaît déjà un beau succès en librairie, jette «un pont» entre les lycéens, la FNAC (partenaire du prix; NDLR), et l'Éducation nationale», a plaisanté l'ancien animateur.

Ce prix remis traditionnellement à Rennes offre la possibilité à 55 classes de lycéens de lire et d'étudier en deux mois la douzaine de romans de la sélection Goncourt. À noter que La carte et le territoire de Michel Houellebecq avait été écarté par les lycéens.

Chedlia, âgée de 16 ans, «aime beaucoup lire et a participé à ce marathon littéraire avec plaisir».

Le ministre de l'Éducation nationale, Luc Chatel, a salué les lycéens pour leur choix qui «vient récompenser un hymne à la rencontre des cultures et à la puissance créatrice de l'art».

«En conjuguant sources biographiques et imaginaire poétique, ce roman, écrit dans un style élégant et ciselé, constitue un magnifique hommage au génie de Michel-Ange», souligne-t-il, saluant aussi «le remarquable travail critique» accompli par les lycéens avec leurs professeurs.