Changement de garde. Le 1er novembre, les éditions Fides passeront officiellement dans le giron des Éditions Saint-Martin, une filiale de la Fédération québécoise des coopératives en milieu scolaire, connue sous l'enseigne Coopsco. La plus ancienne maison québécoise, propriété de la Congrégation de Sainte-Croix depuis sa fondation en 1937, s'était mise sous la protection de la Loi sur la faillite en juillet.

Fides nouvelle ère sera dirigée par Stéphane Lavoie qui, comme actionnaire minoritaire, s'est porté acquéreur de Saint-Martin avec Coopsco en 2006. «Le réseau cherche depuis plusieurs années à renforcer sa position dans la chaîne du livre», nous disait cette semaine M. Lavoie, rencontré aux bureaux de Fides. «Les gens éprouvent une grande fierté de voir arriver dans notre réseau une maison qui a été depuis 40 ans le reflet de l'évolution sociale du Québec.»

Avec 65 librairies exploitant plus de 90 points de vente dans les cégeps et universités, Coopsco - chiffre d'affaires annuel de 115 millions - se pose comme le plus vaste réseau de vente de livres au Québec. Le fonds Fides, de son côté, compte quelque 2000 titres dans les catégories essai, roman, jeunesse, pratique et religion. Dans ce prestigieux catalogue (www.fides.qc.ca), Les yeux de Maurice Richard de Benoît Melançon côtoie Les anciens Canadiens de Philippe Aubert de Gaspé, ouvrage fondateur des lettres québécoises qui n'a rien à voir non plus avec Hockey de Michael McKinley, que suit dans la liste alphabétique Le holisme épistémologique de Kant d'Yves Bouchard.

Ouvrages forts

Selon M. Lavoie, l'inventaire compterait «une centaine d'ouvrages forts» qui, par les rééditions ou le marché numérique en devenir, pourraient servir d'assises au retour à la rentabilité qui, personne ne devrait s'en surprendre, constitue la priorité des nouveaux propriétaires. Entre-temps, au prorata des catégories, Fides réduira ses sorties de 70 par année à «un niveau plus raisonnable» de 40 titres tirés de projets rentables émanant du «réseau d'auteurs» qui constitue le noyau dur de toute maison d'édition.

«Fides va rester Fides», insiste le nouveau patron qui, prudent, refuse de nommer les locomotives de la maison: «Il y en a plusieurs...» Le nom d'Yves Beauchemin nous vient tout de suite à l'esprit et La Presse a appris que l'auteur de la trilogie de Charles le Téméraire avait déjà signifié son intention de rester chez Fides.

Dans l'immédiat, Fides s'applique avec sa petite équipe de survie à assurer le lucratif «office» de Noël, c'est-à-dire l'envoi aux librairies des nouveautés de l'automne. Qui seront aussi offertes au Salon du livre (17-22 nov.) où Fides passera de 12 unités d'espace à six mais partagera deux autres stands avec Bayard.

Sur l'étagère du coin: le troisième volume de l'Histoire de l'édition littéraire au Québec - 1960-2000, sous la direction de Jacques Michon; À chacun son métier d'Hélène-Andrée Bizier: l'histoire en photos; et Une histoire du mariage d'Elizabeth Abbott, finaliste dans la catégorie Essais (anglais) des Prix du gouverneur général 2010.