Il en est des dictionnaires comme des voitures: on sort de nouvelles éditions tous les ans, mais on repense l'ensemble une fois par décennie environ.

«Dans les millésimes courants, on se contente de 150 à 200 mots et sens nouveaux, d'une cinquantaine de noms propres et d'une mise à jour des articles», confiait à La Presse Jacques Florent, directeur éditorial des dictionnaires Larousse, de passage à Montréal cette semaine.

Aucune des trois grandes maisons de dictionnaires de la langue française n'a refondu ses produits vedettes pour le millésime 2011.

La situation diffère quelque peu pour les dictionnaires thématiques réalisés par des maisons québécoises.

Les utilisateurs réguliers d'outils de la langue se montreront donc des consommateurs avisés en patientant un an ou deux avant de renouveler leur ouvrage favori.

Quant à ceux qui désirent ou doivent s'en procurer un à tout prix, ils auront encore l'embarras du choix.

Le Petit Larousse illustré, Dixel Le dictionnaire illustré (réalisé par Le Robert) et Dictionnaire Hachette réunissent tous noms propres et mots de la langue en un seul volume. Dans les deux premiers cas, on peut compléter sa recherche par une consultation en ligne.

Le Hachette n'offre pas cet avantage, mais son prix doux en fait un achat intéressant pour les personnes qui fréquentent peu ce genre d'ouvrages.

Pour sa deuxième édition, le Dixel consacre la célébrité de Julie Payette, accueille beaucoup de termes liés à l'environnement consacrés par l'usage depuis plusieurs années (biogaz, composteur, énergivore, méthanisation, etc.) et quelques anglicismes incontournables (stand up, smoothie, newsletter). D'autres emprunts font toutefois sourciller comme fashion, hoax ou hype.

Le Hachette se montre plus prudent. Il incorpore au corpus des expressions ou mots nouveaux aptes à durer tels écocompatible, détox, monétiser ou fonds souverain. En outre, il regroupe 450 mots couramment utilisés en France, mais dont l'avenir n'est pas assuré en un cahier liminaire. Ainsi y retrouve-t-on black-blanc-beur, gastrosexuel ou punchy.

Chez Larousse, on n'a pas cette pratique, mais on sous-pèse beaucoup l'entrée d'un nouveau mot. Contrairement à ses concurrents, on n'y retrouve pas bling-bling, nouvelle parure du parvenu, mais on n'hésite pas à consacrer métrosexuel ou pop-up.

Parmi les québécismes accueillis, mentionnons brassée, itinérant, rince-bouche. «On a longtemps hésité à donner à citron le sens de mauvais produit calqué de l'anglais, mais on s'est laissé convaincre», précise M. Florent.

Wajdi Mouawad et Alice Munro accèdent à l'aréopage des célébrités, tout comme Françoise Hardy ou Line Renaud. Comme pour ses éditions précédentes, il compte aussi plusieurs planches couleurs dédiées à des thèmes divers: champignons, serpents, plantes médicinales, etc.

Plus austère dans sa forme, mais peut-être plus apprécié des artisans de la langue, Le Petit Robert s'enrichit de trois québécismes (VTT, balayeuse et bazou), de quelques anglicismes dont le douteux cranberry. Il émaille aussi certaines définitions de citations d'auteurs nouvellement célèbres (Littell, Fottorino, Le Clézio, Carrère, Ernaux).

Au Québec

Du côté québécois, Québec-Amérique poursuit la déclinaison de la mouture micro du Visuel. Les MicroVisuel français-anglais et français-espagnol se glissent facilement dans le sac-bagages ou la mallette de voyage et se consultent plus facilement que leurs jumeaux grands formats, à condition d'avoir bon oeil ou loupe pratique.

Chez Fidès, le Dictionnaire des synonymes et des antonymes a été repensé pour en faciliter la consultation. Cette refonte est bienvenue et nécessaire. Malgré ses 50 ans, cet ouvrage de référence est sérieusement concurrencé par Le Petit Druide des synonymes et des antonymes.

La grande curiosité de l'année reste Le Grand Glossaire du français de France de Jean Forest aux éditions Triptyque.

L'auteur poursuit ici sa recherche qui a déjà donné lieu à la publication du Grand Glossaire des anglicismes du Québec qui avait suscité un vif intérêt, il y a deux ans. Il s'agit, faut-il le souligner, d'un ouvrage qui s'adresse avant tout aux linguistes et qui ne fera pas l'unanimité.