Un homme qui avait intentionnellement abîmé un manuscrit original du dramaturge anglais William Shakespeare qu'il avait volé, pour pouvoir mieux le vendre, a été condamné lundi à huit ans de prison par un tribunal britannique.

Raymond Scott, 53 ans, avait été déclaré coupable début juillet de recel d'objet volé et d'avoir exporté un objet volé du territoire britannique par un tribunal de Newcastle. En revanche, il avait été innocenté du vol de l'ouvrage à l'Université de Durham en 1988.

Selon le procureur Robert Smith, il avait déchiré la reliure, la couverture et des pages du manuscrit datant de 1623, et prétendu qu'il l'avait trouvé à Cuba.

La valeur du livre, même endommagé, est estimée à 1,2 million d'euros.

En annonçant la sentence lundi, le juge Richard Lowden a qualifié Raymond Scott d'«affabulateur» et son action de «vandalisme culturel» sur un «trésor» de l'Angleterre.

«Il pouvait être considéré par beaucoup comme inestimable mais pour vous il représentait un prix très élevé et vous avez eu recours à des méthodes extrêmes pour obtenir ce prix», a poursuivi le juge. «Votre motivation était le gain financier».

«Vous vouliez financer un mode de vie de playboy totalement grotesque pour impressionner une femme rencontrée à Cuba», a relevé M. Lowden.

Libraire au chômage, il avait été interpellé en juin 2008 à Washington, au moment où il présentait le manuscrit endommagé à une bibliothèque, la Folger Shakespeare Library, pour demander que son authenticité soit vérifiée.

Des responsables de la bibliothèque, soupçonnant que le manuscrit avait été volé, avaient alerté les autorités.

M. Smith avait affirmé lors du procès que M. Scott, qui niait les faits, avait volé le manuscrit en 1998 à l'université de Durham. Les experts l'ont reconnu par ses dimensions et une note manuscrite.

Il avait également indiqué que le quinquagénaire circulait dans une Ferrari jaune et se présentait comme un playboy international alors qu'il croulait sous d'importantes dettes.