Au cours des mois qui ont précédé la fermeture de Book and Brier Patch, les clients de cette librairie indépendante de Régina se limitaient à fouiller parmi les milliers de titres, à admirer les couvertures des livres, à lire les résumés, à sélectionner les oeuvres qu'ils désiraient acheter et repartaient sans faire d'achat.

«Ils venaient avec un carnet et un crayon pour noter les titres, a commenté le propriétaire de la librairie, John Kress, en déclarant qu'ils allaient le commander en ligne.»

Le marchand n'est pas le seul dans cette situation. Plusieurs librairies indépendantes ont fermé leurs portes partout au Canada au cours des derniers mois et même des dernières années.

Après 33 années d'existence, le magasin Book and Brier Patch était devenu une simple «salle d'exposition» qui servait à alimenter les chaînes comme Indigo, le commerce en ligne et le livre électronique.

Le président de la Canadian Booksellers Association, Mark Lefebvre, affirme qu'il ne s'agit que des premiers bouleversements causés par l'avènement de l'époque numérique.

Selon M. Lefebvre, qui gère également la librairie Titles, de l'Université McMaster, à Hamilton, en Ontario, il est de plus en plus évident que les libraires doivent satisfaire les consommateurs en offrant des livres sur divers supports.

Titles, qui est ouvert aux étudiants et au public, a été l'une des premières librairies au Canada à acheter une Espresso Book Machine, un appareil permettant d'imprimer des livres en quelques minutes et qui coûte environ 100 000 $.

Cela permet à des commerces plus petits d'offrir un large éventail de livres, ouvrages qu'ils n'auraient pas pu placer sur leurs tablettes, faute d'espace.

Selon M. Lefebvre, ces appareils sont très peu nombreux au Canada.

Et bien que les grandes chaînes puissent plus facilement se procurer une telle technologie que les librairies indépendantes, il croit que les plus petits commerces ont moins d'obstacles à franchir.

«Notre plus grande force est notre indépendance et notre capacité à agir rapidement», a allégué M. Lefebvre, faisant valoir que les trois premières librairies canadiennes à posséder une Espresso Book Machine étaient indépendantes.

Le président de la Canadian Booksellers Association a toutefois admis qu'il n'existait pas de panacée pouvant assurer la survie des librairies indépendantes.

Certaines d'entre elles s'adapteront aux nouvelles technologies et échoueront malgré tout, a-t-il averti.