Le temps d'un été, l'amour semble innocent, parfait. À la plage près de Biarritz, Yves rencontre Denise, jeune femme charmante mariée à un homme riche. Leur amour les surprend, ils s'y livrent naïvement. Mais il faut rentrer à Paris. Les différences sociales éclatent. Yves, bien qu'issu de la grande bourgeoisie, n'a pas un sou. Sa vie est celle d'un employé de bureau. Morne, triste, avec le souci des fins de mois difficiles. Avilissante aux yeux de Denise, qui n'a que le souci du chapeau et de la robe qu'elle va porter chaque jour. Leur amour se dégrade. Elle voudrait sans cesse des preuves d'amour. Lui ne cherche que l'apaisement, n'est pas sûr de pouvoir aimer.

Quelque part entre les personnages féminins du roman réaliste du XIXe siècle (Une vie, de Maupassant) et le pessimisme des années folles, le contexte d'après-guerre et l'absence d'espoir qu'elle a entraînée, l'histoire d'amour terne fondée sur un malentendu évoque Aurélien, d'Aragon. Un univers où cohabitent encore, en France, une classe riche et oisive et une autre qui doit travailler pour gagner sa vie. Et où les femmes font encore les frais d'une éducation qui les tient éloignées des réalités amoureuses: Denise est malhabile, ignorante, presque une vierge, bien qu'elle soit mariée et mère d'une fillette, constate Yves après leur première nuit.

Le roman fut publié en 1926. Le découvrir en 2010 n'offre rien d'inédit. Il prend place, naturellement, dans l'histoire littéraire, comme l'oeuvre de jeunesse d'une écrivaine précoce, d'une maturité dans l'analyse psychologique étonnante pour son âge, 18 ans lors de l'écriture. On pardonne volontiers un style un peu trop joli.

Le malentendu

Irène Némirovsky

Éditions Denoël,

169 pages, 29,50$

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