Schwartz-Bart, l'auteur d'un livre mythique, Le Dernier des Justes, qui obtint le Goncourt en 1959 et révéla la longue histoire des Juifs.

Il est mort à Pointe-à-Pitre, laissant un roman inachevé à sa femme Simone. Pendant des décennies, il travailla sur ce manuscrit, auquel il ne pouvait mettre le mot FIN, comme si d'écrire ce mot terminait une histoire que l'on désirait immortelle, pour laquelle ce livre était écrit. Mais quelques semaines avant la mort, il dit à Simone un titre possible: L'étoile du matin...

Voilà le livre publié, 50 ans après Le Dernier des Justes. Il raconte une histoire fascinante, en l'an 3000, après qu'une guerre nucléaire n'eut laissé que des cendres sur la Terre. Les hommes de ce temps-là ont pris le chemin des étoiles, ils sont devenus immortels. Mais voilà que quelques-uns reviennent sur notre malheureux globe, fascinés par son Histoire. Une femme, Linemarie, découvre par hasard les archives d'un vieux pays qui s'était nommé Judée, puis Palestine, puis Israël...

Il y a là le récit d'un certain Haïm, qui raconte des choses horribles survenues à un peuple, mille ans auparavant. C'est comme une suite à l'histoire de l'Holocauste, faite sans aucun doute pour «demeurer en contact avec les disparus», conserver leur souvenir.

Écrit dans une langue que l'on peut qualifier d'amour, de tendresse, ce roman laisse une marque très forte, aussi forte que le fit celui qui devint célèbre en 1954. Une tache. Un amour. Un impossible oubli. On sait que ce fut le sens du travail de Schwarz-Bart. C'est gagné.

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L'ÉTOILE DU MATIN. ANDRÉ SCHWARZ-BART. SEUIL. 251 PAGES, 27,95 $.