S'appeler Simenon, être le fils de Georges et signer un premier roman à l'âge de 50 ans est un acte, soit d'admirable bravoure, soit de totale inconscience...

C'est ce que fait Pierre Simenon, jusqu'à ce jour avocat à Los Angeles, avec Au nom du sang versé, un roman que le cadet des quatre descendants de l'écrivain belge a écrit en anglais, puis a fait traduire en France.

Réglons une chose au départ: l'ouvrage du fils n'a rien à voir avec l'oeuvre de son géniteur. On jugera d'ailleurs qu'il s'agit d'une sage décision que celle d'avoir renoncé à pratiquer le genre romanesque de son géant de père...

Le roman de Simenon le jeune s'inscrit plutôt dans la veine du thriller américain tel que le pratiquait Michael Crichton, par exemple, que l'auteur néophyte dit d'ailleurs beaucoup admirer.

Au nom du sang versé n'est pas non plus un roman à clef sur une période sombre de la vie de Georges Simenon. Celle où, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il fut soupçonné de collaboration (dans les faits, il n'a jamais collaboré, mais a continué à écrire et à vendre, se cantonnant dans une «attitude dénuée de clarté», écrira Pierre Assouline).

Il faut le préciser parce que le roman de Pierre Simenon met en scène un homme - élevé à Lausanne et avocat à Los Angeles - qui se donne une mission: celle de laver la mémoire de son défunt père, accusé d'avoir collaboré avec les nazis. L'enquête s'avérera dangereuse.

Cela dit, le récit est rondement mené, efficace, parfois prévisible, peu avare des clichés liés au genre. Et, bien franchement, il est destiné à être vite oublié.

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AU NOM DU SANG VERSÉ. Pierre Simenon. Flammarion. 379 pages. 39,95 $.