Daniel Pigeon, membre du collectif de rédaction de XYZ, la revue de la nouvelle pendant huit ans, n'en est pas à ses premières armes dans le genre, et cela paraît dans Chutes libres, son dernier recueil réunissant des textes parus ici et là dans diverses publications, ainsi que des textes originaux.

Que ses nouvelles fassent une page ou dix, il a toujours ce même souci de l'amorce et de la chute; en quelques lignes le ton et l'ambiance sont donnés, jusqu'à une conclusion qui se veut tout sauf prévisible.

Ses histoires tragiques, drôles, inquiétantes ou acides, d'une redoutable efficacité, sont toutes de petites gifles qui fouettent le lecteur, et dans lesquelles le destin bascule plus d'une fois.

Que ce soit un appel inattendu qui annonce l'existence d'un enfant, le retour d'un vieil ami pour aider au voyage final, ces périples que l'on fait pour retrouver le grand amour ou changer de vie (et cela, sans garantie), ces catastrophes qui peuvent arriver au milieu de la journée la plus ordinaire, ces brefs moments d'extase, de complicité ou de haine dans le couple, la mixité des corps et des pensées dans la foule, Daniel Pigeon connaît l'art de saisir dans le vif ces instants où la lucidité rend presque ivre tant elle dilate la conscience.

On savoure à petites doses ce recueil d'une étonnante densité, dans lequel le rêve et le cauchemar alternent sans cesse.

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CHUTES LIBRES. Daniel Pigeon. XYZ, 155 pages, 22 $.