Après un premier roman, Ce qui s'endigue, remarqué, et avec raison, Annie Cloutier reprend le sentier des relations entre femmes, des destins croisés, en phase autant avec l'intime que l'universel.

Dans La chute du mur, l'auteur relie de belle façon l'Histoire avec un grand H aux petites histoires d'amours et d'amitiés, au passage à l'âge adulte et aux divers apprentissages que cela suppose.

Entre la chute du mur de Berlin en 1989 et l'attentat du 11 septembre 2001, la romancière de Québec tisse un récit tout en nuances au sujet d'une femme et de sa fille, Liv et Sabine, deux témoins de ces grands événements.

Deux générations s'entremêlent et se perdent l'une dans l'autre, sans se répéter nécessairement, mais en dialoguant, en s'expliquant.

La force du livre se trouve dans cette fine compréhension du fait de devenir femme. Tout en ressemblant, sur le fond, aux thèmes développés dans Ce qui s'endigue, dans la forme, La chute du mur s'avère un deuxième roman très différent, plus personnel, soit, mais qui perd un peu du souffle poétique et philosophique qui nous avait tant subjugués dans le premier.

Malgré ses qualités, on cherche dans La chute du mur une profondeur et une réflexion que la romancière maniait si bien jusqu'ici. Comme si le quotidien, matière davantage utilisée cette fois par l'auteure, l'empêchait de prendre du recul pour mieux le transcender.

Au-delà de ce bémol, nous attendrons tout de même avec grand intérêt le prochain Annie Cloutier.

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* * * 1/2

Annie Cloutier. La chute du mur. Triptyque. 301 pages. 23 $.