«Il n'y a pas de science humaine qui soit entachée d'autant de sophismes que l'économie.» C'est la phrase initiale de L'économie politique en une leçon de Henry Hazlitt, que Joseph Heath reprend dans Sale argent.

Dans son troisième essai grand public, le philosophe torontois tente de déconstruire les sophismes qui, selon lui, polluent le débat politique.

L'ouvrage se divise en deux parties. Heath attaque d'abord six idées de la droite, puis ensuite six autres de la gauche. Dans le premier volet, il déboulonne entre autres le mythe du libre marché perçu comme un état de nature, et il expose les limites de la compétitivité.

Dans la seconde, il s'attaque notamment à l'égalitarisme naïf et à la tentation de chercher des prix et salaires justes - dans le sens moral du terme. Heath, ancien titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éthique et économie politique, utilise une grille d'analyse similaire à celle adoptée dans son ouvrage La société efficiente...

Il parle de dilemme du prisonnier, des limites de la rationalité et donne de petites leçons d'histoire pour étayer ses thèses. Certaines sont étonnantes, comme sa remise en question des coûts sociaux associés au tabagisme.

Mais il ne sombre jamais dans la provocation ou la polémique gratuite. Le style reste aussi toujours limpide et très accessible. Un livre noble, amusant et important.

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Sale argent. Joseph Heath. Éditions Logiques.