Bobbie Gotteson est un Taré. C'est lui qui le dit. Entre délire paranoïaque, hallucinations et fragments de récit, Le triomphe du singe-araignée est une plongée dans les entrailles de la folie meurtrière.

Il faut avoir le coeur bien accroché pour entrer dans ce court roman de Joyce Carol Oates (Les Chutes), librement inspiré de la vie et de l'oeuvre de l'assassin de Sharon Tate, Charles Manson. Le mentor, la secte et ses disciples, l'ambition artistique déçue, l'assassinat des «mannequins»: plusieurs éléments de la biographie du célèbre meurtrier y sont.

Écrit en 1976, sept ans après la mort de l'ex-femme de Roman Polanski, et pour la première fois traduit en français par Les Allusifs, Le triomphe du singe-araignée détonne dans la production de la prolifique auteure américaine, que l'on connaît moins éclatée dans la forme.

C'est par bribes, en alternant monologue intérieur et narration à la troisième personne, qu'elle raconte l'histoire de Bobbie Gotteson, guitariste et tueur en série, de sa naissance dans la consigne d'un terminus d'autobus jusqu'à ses séjours en prison, en passant par une visite chez le dentiste et le psychiatre.

Mais ce sont les moments où Gotteson perd le contrôle, lorsqu'il sort de lui-même pour devenir singe-araignée manieur de machette, rempli de haine et de pitié, qui sont le véritable intérêt du roman. Frénétique, violente, lyrique, l'écriture de Joyce Carol Oates amène le lecteur, mal à l'aise et pourtant fasciné, dans les méandres d'un esprit dérangé. À lire à petites doses.

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Le triomphe du singe-araignée. Joyce Carol Oates. Les Allusifs, 128 pages.