Après Matthieu Simard et Marie-Hélène Poitras, c'est au tour de Marie-Sissi Labrèche de signer un nouveau feuilleton pour ados à la Courte Échelle: Psy malgré moi.

Un feuilleton pour ados signé par l'auteure de Borderline et de La brèche? Ça va brasser, pense-t-on tout de suite. Et pourtant, surprise! C'est la douceur qui se trouve au rendez-vous. L'héroïne, parachutée dans une nouvelle polyvalente à la suite de la mort de sa soeur, se retrouve malgré elle à consoler des coeurs brisés.

«Je ne suis pas quelqu'un qui patauge dans la douleur, affirme promptement l'auteure. Dans mes livres pour adultes, il y a du délire. Dans la vie, je suis une fille relativement tranquille et je vois bien que plusieurs en sont étonnés. Je suis extrêmement straight. Je suis mariée depuis très longtemps, je ne sors pas beaucoup. Dans ma vie il y a eu un épisode trouble que tout le monde connaît, mais celui-ci a un début et une fin.

«Adolescente, j'étais nerd, poursuit-elle. J'étais dans le club de sciences, je sortais même avec le président de l'école. J'ai eu une coupe champignon. La petite fille délurée, ce n'était pas moi.»

La fin de l'autofiction

L'auteure, qui a longtemps écrit dans la revue pour adolescentes Filles d'aujourd'hui, se réjouit de cette nouvelle aventure qui l'éloigne de l'étiquette de l'autofiction. «Lorsque La courte échelle m'a contactée, j'étais justement fatiguée d'être identifiée à tout ce que j'écris. L'aventure du film m'avait épuisée. Mais il faut dire aussi que l'autofiction est devenue un fourre-tout. Au fond, tous les auteurs se servent de ce qu'ils ont vécu. Alors tenter de définir mes écrits précédents, c'est s'arrêter à l'identité nominale. Sinon, je fais comme tout le monde.»

Si son héroïne se retrouve à jouer la psychologue de service auprès de ses camarades de classe, Marie-Sissi Labrèche avoue avoir quant à elle joué à la sexologue dans les corridors de son école secondaire.

«J'achetais des revues porno au dépanneur du coin qui était tenu par des Vietnamiens. Ils ne comprenaient rien, alors c'était pratique, avoue-t-elle dans un éclat de rire. Je les achetais pour la dernière page où l'on retrouvait des conseils de différents sexologues, conseils dont je me servais par la suite auprès de mes amis. Parce qu'il faut bien le dire: à 14 ans, je n'avais aucune expérience! Disons que je me suis rattrapée dans la vingtaine...»

On retrouve également dans le feuilleton une figure récurrente de l'univers de Labrèche: la mère dépressive. «Je pense qu'il y aura toujours une mère dépressive dans tout ce que je vais écrire. Mais la mère d'Ariane va s'en sortir. Je trouve qu'on parle toujours des familles éclatées aux ados. Moi je tenais à parler d'une famille unie. Imparfaite, mais unie. Alors la faille, puisqu'il en faut une, c'est ce drame qui plane, cette mort qui a eu lieu, cette détresse qui les habite. Malgré tout, ils font de leur mieux. Une famille unie, je trouve ça très touchant. Je vais peut-être à contre-courant de ce qui est à la mode, mais tant pis.»

L'auteure se défend de verser dans le bon sentiment. «Je ne signe pas un happy ending où tout le monde s'aime. Mais une paix s'installe. Je voulais que mon personnage adolescent se rende du point A au point B. Et puisque Ariane débutait le feuilleton dans un état plutôt confus, j'avais intérêt à la ramener dans la joie...»

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Psy malgré moi. Marie-Sissi Labrèche. Éditions La courte échelle