Tremblement de terre à Notre-Dame-des-Lacs. Marie a eu un moment de faiblesse charnelle avec le fiancé de Clara Roberge et la nouvelle a fait le tour du village. On en jase sur les perrons, dans les cuisines. Même monsieur le curé s'en mêle. Seuls quelques irréductibles acceptent toujours d'approcher la pestiférée. Pourquoi rester?

Sur les conseils de Serge, Marie met les voiles pour Montréal, en abandonnant le magasin général. Plus de clous, plus de café; le village risque la pénurie... Tout ça pour «deux minutes sur le dos»!

Pour le cinquième opus de leur populaire série, Loisel et Tripp alternent entre truculence et introspection. L'ambiance est plus sombre. Les cases muettes se multiplient. Pendant qu'à Notre-Dame-des-Lacs, on s'égosille sur le «rat qui a quitté le navire et avec le camion en plus» (dixit les commères Gladu), le périple de Marie dans la grande ville défile comme un film des années 20.

La voix hors-champ de Félix Ducharme, l'époux défunt de Marie, marque seule le tempo. Et avec plus d'insistance que jamais. Les illustrations gagnent aussi en réalisme. Si les scènes du village semblent toujours autant hors du temps, le décor montréalais, lui, ne laisse planer aucun doute. Montréal des années 20, c'est le Red Light, les boîtes de jazz, les vitrines des grands magasins...

Et sous le trait et les couleurs des deux auteurs, la métropole semble agir comme un aimant. Marie reviendra-t-elle un jour à Notre-Dame-des-Lacs?

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Magasin général - tome 5: Montréal. Régis Loisel et Jean-Louis Tripp. Casterman, 84 pages, 24,95 $.