La fille d'Albert Camus ne «sait pas» si elle s'opposera au transfert de la dépouille son père au Panthéon, souhaité par Nicolas Sarkozy. «La question n'est pas simple», a-t-elle déclaré samedi sur les ondes de la chaîne radiophonique France Inter.

Reconnaissant que l'auteur de L'Etranger n'aimait pas les honneurs, elle a dans le même temps observé qu'il pourrait s'agir d'un «beau symbole» dans la mesure où l'écrivain avait «essayé de parler pour tous ceux qui n'avaient pas la parole».

«C'est une question qui me dépasse, je me sens très petite. J'admire ceux qui ont une idée très arrêtée, moi j'ai que des doutes», «je suis vraiment dépassée par ça», a confié Catherine Camus, qui gère l'héritage de son père.

«Je pense à tous ceux qui sont de la même origine que mon père, c'est-à-dire très pauvre, et à ma grand-mère qui était femme de ménage et peut-être que c'est aussi un hommage qui lui est rendu à elle, et que de ce point de vue là, c'est peut-être aussi un symbole pour tous ceux pour qui la vie est très dure», a-t-elle dit.

Interrogée sur des accusations de récupération visant le président de la République, Catherine Camus a précisé qu'elle ne «se situe pas sur un plan politique». «De toute façon, moi, je ne me souviens pas qui a fait rentrer Zola, Malraux, je ne pense pas que le problème se situe là mais si certains le pensent, ils ont peut-être raison, j'en sais rien».

«Je sais pas», a-t-elle également répondu alors qu'on lui demandait si elle s'opposerait au transfert de son père au Panthéon. «C'est quelqu'un qui a essayé de parler pour tous ceux qui avaient pas la parole et de ce point de vue-là, c'est un beau symbole».

Quant à savoir si son père aurait aimé cette idée-là, Catherine Camus a observé qu'«il était claustrophobe». «Il n'aimait pas» les grands honneurs, «c'est vrai, c'est pour ça que la question n'est pas simple», a-t-elle dit.

En marge du sommet européen de Bruxelles, Nicolas Sarkozy a confirmé jeudi soir qu'il aimerait faire entrer la dépouille d'Albert Camus au Panthéon pour le cinquantième anniversaire de sa mort le 4 janvier prochain. Le président français avait dit avoir «déjà pris contact avec les membres de sa famille» pour obtenir leur accord.

L'auteur de La Peste, des Justes ou de L'homme révolté est né le 7 novembre 1913 à Mondovi en Algérie et mort le 4 janvier 1960 à Villeblevin dans l'Yonne. Écrivain, dramaturge, essayiste et philosophe, il avait reçu le Prix Nobel de littérature en 1957.