En deux mots: en 1995, le roi du Portugal fait un cadeau à son cousin l'archiduc Maximilien d'Autriche, gendre de l'empereur Charles Quint.

Il lui offre un éléphant! Un éléphant indien qu'on lui avait offert, à lui, et qui s'ennuyait ferme dans son enclos: Salomon l'éléphant, couvert de crasse et mangeant des tonnes de foin, offert avec son cornac Subhro, qui devra suivre l'animal et débarrasser le plancher par la même occasion.

Le cadeau est accepté par l'archiduc, hourra, c'est le départ depuis Belém (Portugal) pour Vienne en traversant la Castille, puis la Méditerranée, puis depuis Gênes la route des Alpes...

C'est loin, tout cela, ça rend malade, le bateau, c'est haut, les Alpes... On imagine le voyage que ce sera, avec 101 péripéties (y compris un miracle), et 102 disputes, et 103 coups fourrés.

L'auteur adore, nous aussi. José Saramago est bien le seul prix Nobel que l'on puisse qualifier de comique. Il a un comique décapant. Tel Attila, il laisse le terrain nu, aucune bêtise de l'homme ne repousse après son passage.

Il faut prévenir le lecteur de bonne volonté qu'il lui faudra en avoir beaucoup, de la bonne volonté, parce que Saramago ne met pas de majuscules aux noms propres (depuis des années) et colle les dialogues au texte sans aucune ponctuation. Mais le lecteur sera récompensé: c'est un auteur jubilatoire.

_________________________________________________________________

* * * *

LE VOYAGE DE L'ÉLÉPHANT. JOSÉ SARAMAGO. SEUIL, 216 pages, 29,95 $.