Il est bien difficile de comprendre le maelström d'idées et de rêves fous dans lequel baignait la jeunesse occidentale des années 70.

Si le peace and love agonisait, d'autres utopies foisonnaient sur fond de libération sexuelle. Parmi elles, il y avait l'action directe qui regroupait des courants terroristes d'extrême gauche, animés par quelques intellectuels inspirés par la révolution culturelle maoïste.

Ils étaient contre la guerre du Vietnam, pour la lutte du peuple palestinien, anti-impérialistes en somme. Cette jeunesse bien éduquée avait beaucoup d'influence sur ses pairs et faisait trembler le pouvoir par sa violence brutale.

Le mérite du dernier roman de Jens Christian Grondahl, c'est de nous faire pénétrer dans ce milieu étouffant par le biais de personnages dont les destins croisent ceux de la Fraction armée rouge allemande. En 1977, dans une gare danoise, un étudiant travaille à la consigne. Sonja, une jeune femme de son âge, lui demande un renseignement et revient quelques instants plus tard lui confier la clef d'une case. Elle lui dit qu'elle ne sait où aller.

Le narrateur propose de l'héberger et découvre sa fausse identité. Elle prendra la fuite, mais hantera ses pensées comme un amour inabouti. En se résignant à ouvrir la case dont il avait gardé la clef, il découvre un sac plein de marks. Bien des années plus tard, il croisera par hasard Sonja, qui consentira à lui raconter son étrange histoire. Dès lors, son destin bascule.

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Les mains rouges. Jens Christian Grondahl. Gallimard, 204 pages, 27,95 $.