De Lolita de Vladimir Nabokov aux pages sulfureuses du journal de Gabriel Matzneff en passant par André Gide, l'intérêt des écrivains pour les jeunes filles ou les garçons a souvent fait scandale.

Quelques uns de ces livres sulfureux sont considérés aujourd'hui comme des chef-d'oeuvres de la littérature, d'autres ont sombré dans l'oubli.

La polémique actuelle sur les écrits de Frédéric Mitterrand a de nombreux précédents, en France comme à l'étranger.

Dans le cas du ministre français de la Culture, les attaques sont d'autant plus vives que l'auteur est un responsable politique rattrapé par ses écrits «d'inspiration autobiographique», même s'ils lui ont valu un grand succès public en 2005 lors de la sortie de son livre.

En 1924, André Gide raconte sa découverte du désir homosexuel lors d'un séjour en Algérie - le «tourisme sexuel» de l'époque - dans un récit autobiographique, Si le grain ne meurt. Les scènes de débauches font scandale et l'écrivain, qui est également un farouche opposant au colonialisme, est l'objet de violentes attaques de la droite catholique.

Mais le grand scandale littéraire du siècle reste à venir avec Lolita de l'Américain d'origine russe Vladimir Nabokov.

L'histoire d'une liaison entre un homme d'âge mur et une préadolescente d'une douzaine d'années. Obsédé sexuellement par la jeune fille, le professeur Humbert la traquera jusqu'à la mort. Devant le refus des éditeurs américains, Nabokov fait publier la version anglaise de son livre en 1955 à Paris.

À sa sortie aux États-Unis en 1958, Lolita choque l'Amérique puritaine, mais connaît un énorme succès.

En France, le livre est censuré jusqu'en 1958. Le roman s'est vendu depuis à des millions d'exemplaires dans le monde et le nom de Lolita est passé dans le langage courant pour désigner une «nymphette».

En 1961, Nicolas Genka aura moins de chance avec L'épi-monstre. Le roman qui affronte le double tabou de l'inceste et de la pédophilie connaît un succès de librairie avant d'être interdit en 1962 par le ministère de l'Intérieur.

Genka sombre alors dans l'oubli et son roman restera interdit jusqu'aux années 2000 en vertu de la loi de 1949 sur la protection de la jeunesse.

En 1972, la quête de chair fraîche d'Abel Tiffauges, l'ogre du Roi des Aulnes de Michel Tournier, n'empêche pas le livre d'obtenir le prix Goncourt à l'unanimité et de connaître un succès mondial.

Scandale en revanche avec Gabriel Matzneff, qui raconte dans les années 1970 son goût pour les «jeunes personnes» dans son Journal ou ses romans comme Les moins de seize ans. En 1982, l'écrivain libertin aux allures de dandy est violemment accusé de faire l'apologie de la pédophilie lors d'une émission littéraire. Il continue depuis d'écrire, mais a peu à peu disparu des médias.

Si le journal intime ou le récit au moins en partie autobiographique exposent plus leurs auteurs aux polémiques que le roman, ils passent également plus rarement à la postérité.