Quand elle s'est lancée dans l'aventure des Lettres de Martha l'an dernier, Marie Laberge n'avait pas idée de ce qui l'attendait. Pour la première fois, elle promettait à son public lecteur une oeuvre qu'elle n'avait pas encore écrite. La populaire romancière était loin de se douter qu'elle allait tellement y prendre goût que cette correspondance durerait trois ans.

Marie Laberge a annoncé hier que ses Lettres de Martha, qui ne devaient durer qu'un an, se termineront avec l'envoi de la 78e lettre en décembre 2011.

À sa première année, cette correspondance compte 42 000 abonnés qui reçoivent tous les 15 jours, à la maison, une lettre personnalisée de trois ou quatre pages dans laquelle Martha, 62 ans, partage ses états d'âme et se raconte: ses enfants, sa famille, ses souvenirs de jeunesse à Old Orchard et son existence transformée par l'arrivée de Marcel.

Comme elle l'a fait pour sa Trilogie du bonheur, Marie Laberge s'est retirée au bord de la mer où elle a consacré six mois à l'écriture des Lettres de Martha. «L'an dernier, j'ai fait un saut dans le vide, dit-elle. Cette fois, le roman de Martha est écrit, je sais où elle va.» Mais elle ne s'empêchera pas pour autant de retoucher les lettres au gré de l'actualité: «Martha continue à vivre dans notre monde, avec nous.»

Parmi les abonnés, il se trouve beaucoup plus de femmes que d'hommes, précise Marie Laberge. Qu'importe, elle s'est vite rendu compte que ce choix épistolaire lui imposait une manière différente d'écrire à un homme et à une femme. Ce n'est pas qu'une histoire d'accord de participes passés et d'ajout de «e» muets. Si elle rédige une lettre avec un correspondant en tête, la suivante sera écrite pour une femme, mais chacune sera ensuite adaptée pour l'autre sexe jusque dans le propos.

L'opération n'a pas été de tout repos, reconnaît Marie Laberge. De 2000 à 3000 lettres ont été retournées parce que les abonnés n'avaient pas précisé le numéro de leur appartement. Quelques milliers d'autres abonnés, à qui des proches avaient donné ce cadeau-surprise, ont fait un saut en découvrant dans leur boîte à lettres une missive à leur intention de la part d'une Martha qu'ils ne connaissaient pas: «Ma chère Gertrude...»

Un vaillant personnage

Martha, estime Marie Laberge, est le personnage le plus simple, le plus brave, le plus vaillant qu'elle ait imaginé, «une femme terriblement attachante». Qui, dit-elle, va gagner «en autonomie et en plaisir» au cours des deux prochaines années.

Marie Laberge prévoyait lancer cette année le roman qu'elle a en banque depuis deux ans pour coïncider avec ses 20 ans aux éditions du Boréal, mais Martha en a décidé autrement.

«Martha, c'est tellement d'ouvrage, dit-elle. Je vais essayer de tout mon coeur de sortir le roman l'année prochaine. Ces lettres, c'est une autre façon d'écrire, c'est très excitant. C'est tellement autre chose que je vais être bien contente de revenir au roman.»

On peut s'abonner pour 2010 aux Lettres de Martha sur le site web www.marielaberge.com pour la somme de 34 $, une augmentation d'un dollar par rapport à 2009. Ceux qui n'étaient pas abonnés et qui veulent combler leur retard peuvent acheter la correspondance de cette année qu'ils recevront en deux envois, le premier très prochainement et l'autre avec la dernière lettre de l'année en décembre.