Bien qu'il se nomme Sébastien Heayes dès la deuxième page de ce livre, il est évident que l'auteur est le fils de Romain Gary et Jean Seberg.

Sur la jaquette, il signe bel et bien Alexandre Diego Gary (on le connaît par la biographie de Gary signée Myriam Anissimov) ce livre détonnant qui n'est ni un roman, ni un témoignage; on se demande d'ailleurs un peu ce qu'est ce bouquin au-delà du fait qu'il soit signé par l'enfant unique du célèbre couple de suicidés, né en 1963 (16 ans quand sa mère se tua, 17 quand ce fut le père).

Ce procédé du dédoublement est inutile, maniéré. Ni lamentation, ni tombeau, c'est un entremêlement de souvenirs d'un père distant, d'une mère fragile, d'une nounou espagnole aimée (le meilleur du livre), avec ce qu'est devenue sa vie depuis, amitié avec un garçon qui meurt du sida, amourettes de bars, amours successives dans des appartements aux vues imprenables...

C'est triste (au sens navrant) et répétitif, pas particulièrement bien écrit de la part de quelqu'un qui, paradoxalement, se regarde écrire...

On voudrait compatir, on admira Gary, on aime Seberg (éternelle crieuse de l'International Herald Tribune dans À bout de souffle), mais la parade littéraire du fils laisse pantois; on se fout de ses escapades corses ou catalanes avec Aube, Gabrièle, Nadia, Éléonore jusqu'à Ludmilla; peut-être est-ce en cela qu'il est le digne fils de Gary. J'aurais préféré un peu d'indignité, et du talent.