On ne se lasse pas de découvrir tous ces inédits d'Irène Némirovsky, un autre de ces talents fauchés par les camps de la mort, et littéralement ressuscité (c'est le cas de le dire) par Suite française, couronné, à titre posthume, du Renaudot en 2004.

Après Chaleur du sang, court roman au style réaliste paru en 2007, Denoël publie ces jours-ci le recueil de nouvelles Les vierges. Némirovsky excellait dans l'art de la nouvelle, qu'elle pratiquait, malgré les lois de Vichy, sous pseudonyme. Toujours les mêmes thèmes traversent l'oeuvre, notamment la filiation, les relations mères-filles, et la fatalité à l'oeuvre, implacable, qui se joue des rêves et des espoirs des êtres qui font souvent leur propre malheur.

Les vierges, qui donne son titre au recueil, raconte l'histoire de Camille, de retour au bercail avec sa fille Nicole, après avoir été délaissée par son mari, qu'elle a follement aimé. Ses soeurs, vieilles filles, finissent par envier sa douleur, puisqu'elles découvrent alors n'avoir, au fond, rien vécu...

Tous des récits où la passion des personnages à vouloir se forger un destin, ou à vouloir le conjurer, se heurte douloureusement à la réalité. Comme ce jeune homme, ayant survécu à un crash d'avion avec un collègue amoureux de sa femme, qui découvre avec horreur que la veuve a refait joyeusement sa vie...

Bref, tous ces manuscrits qui nous parviennent d'outre-tombe ne font que confirmer le talent indéniable de Némirovsky, un écrivain authentique, et qui ne vole certes pas sa place dans l'histoire de la littérature française.

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Les vierges, Irène Némirovsky, Denoël, 227 pages, 34,95 $