Il y avait une fois un monsieur assis sur un banc, en face de l'enclos des autruches au Jardin des Plantes. Il a trouvé là la «position de l'hospice». Ce livre sera sa confession, une sorte de biographie de la médiocrité. C'est un écrivain sans talent (il avait écrit un roman de science-fiction superbement niais), c'est un mari mal aimé, c'est un père négligent, c'est un homme sans désir. Et voilà, pour couronner le tout, qu'il vient d'être saisi d'une maladie de l'oeil! Il se prépare à devenir aveugle, avec cette profonde déprime qui rôde en lui depuis plus de 40 ans. Il se nomme Adam Haberberg. Comme les profonds déprimés, il est impitoyable dans ses observations sur la vie, les gens, les idées ou le manque d'idées. C'est un méchant, pourtant on sourit souvent. C'est le talent de Yasmina Reza de nous parler de la vacuité de certaines vies tout en nous amusant. Elle avait écrit ce petit livre en 1903; on le publie de nouveau aujourd'hui avec un nouveau titre. Cela valait la peine.

 

Et alors, notre ami Adam. Le raté? Eh bien, il rencontre (toujours devant les autruches) une ex-camarade de lycée oubliée depuis 30 ans: Marie-Thérèse. Elle va l'entraîner en banlieue, dans un trou. Pour des dîners kitch plus désolants encore que la déprime d'Adam, mais qui font rire... Ce livre devrait nous guérir de tout pessimisme sur notre propre rien.

HOMMES QUI NE SAVENT PAS ÊTRE AIMÉS

Yasmina Reza

Albin Michel

203 PAGES, 26,95$

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