Avec Le sumo qui ne pouvait pas grossir, le prolifique (c'est un euphémisme) Eric-Emmanuel Schmitt poursuit son «Cycle de l'invisible» amorcé en 1997 avec Milarepa et dans lequel on a pu lire, depuis, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Oscar et la dame rose et L'enfant de Noé. Des contes édifiants, des paraboles juste assez accessibles pour donner des leçons de vie à ceux qui en cherchent - les autres risquent d'être agacés par l'exercice. Sensible au bouddhisme, l'auteur du formidable Évangile selon Pilate et de l'excellente pièce Le visiteur reprend ici les grands principes de méditation pour raconter Jun, 15 ans, de la révolte plein les veines, du refus de tout et de tous sur la peau. Une rencontre avec Shomintsu, dans les rues de Tokyo où il gagne sa vie en vendant des gadgets, va tout changer. À l'ado «maigre, long et plat», celui qui s'avérera être un maître du sumo va dire: «Je vois un gros en toi.» Et pour l'atteindre, ce gros en lui, le garçon va devoir faire la paix avec le monde et, surtout, avec lui-même. L'intention de l'homme de lettres est bonne. Le propos, pertinent. C'est la manière qui ne suit pas. Le sumo qui ne pouvait pas grossir est moins incarné, moins planté dans l'émotion que certaines des pages antérieures de ce «Cycle de l'invisible». Le message prend le pas sur l'histoire et ses gens. La parabole se fait leçon. Le conte zen, presque compte rendu sec. Dommage.

 

Le sumo qui ne pouvait pas grossir

Eric-Emmanuel Schmitt

Albin Michel, 2009, 112 pages

**1/2