On est presque gêné de proposer ici, en ces nobles pages, et à ce brave lectorat d'un indéfectible bon goût, un bouquin aussi gluant, collant et nauséabond que Hara Kiri: Les belles images. Pour les morveux et les chenapans, le défunt magazine français Hara Kiri n'est plus à présenter. Autoproclamée «bête et méchante», parfaitement assumée dans sa vulgarité et sa niaiserie libératrices, cette revue d'humour a fait école, et c'est avec la larme à l'oeil que les fanas de grossièretés redécouvriront dans cet hommage livresque quelques grands moments de ce joyeux catalogue du pire (de 1960 à 1995).

 

Cet humour ne passerait plus en notre époque policière où il est très mal vu de rire des femmes à poil, des handicapés (pardon, des «personnes à motricité réduite») ou de la politique, toutes allégeances confondues, tout cela faisandé dans le gros caca qui pue. On est loin de la ludique fantaisie d'un Raymond Devos! Ce ramassis de juteuses conneries, présenté par les illustres Cavanna, Michèle Bernier, Delfeil de Ton et Stéphane Mazurier, rempli d'images et de photomontages signés Cabu, Fred, Gébé, Siné, Serre et Reiser et de textes absurdes de Gourio, de Wolinski et du mythique Choron, cet étrange «beau livre» à ne pas mettre sur toutes les tablettes est le témoin d'une époque jouissive où l'on pouvait se défouler sur tout sans risque de représailles. Article de collection pour les vieux cons cochons.Hara Kiri: Les belles images

Éditions Hoebeke, 317 pages, 67$

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