Jacques Mesrine aimait attirer l'attention. Sans doute serait-il ravi de se savoir encore d'actualité, 30 ans après sa mort. Le film avec Vincent Cassel (César du meilleur acteur) a certainement contribué à ressusciter ce bandit charismatique, qui a fait carrière au Québec et en France dans les années 60 et 70. Mais le milieu de l'édition n'a pas tardé à lui emboîter le pas.

Flairant la «bonne affaire», Flammarion a réédité l'automne dernier la fulgurante autobiographie du truand (L'instinct de mort), parue en 1977. Et voilà que la maison Jacob-Duvernet vient de lancer Jacques Mesrine dit le grand, premier d'une biographie en deux volumes, qui retrace les débuts et l'ascension de cet «ennemi public no 1». Ce foisonnant bouquin de Jean-Marc Simon pourrait n'être qu'un livre de plus - ou même de trop - sur Mesrine, qui a déjà fait l'objet d'une abondante littérature. Mais il a l'avantage du recul et du travail objectif. L'auteur puise dans les ouvrages déjà publiés pour confronter les multiples versions et obtenir, le plus précisément possible, ce qu'on pourrait appeler la «vraie histoire». Plombé par le souci de l'exactitude, le résultat est assurément moins rythmé que L'instinct de mort. Mais il permet de mieux comprendre les desseins et les motivations d'un être hors norme, qui avait - étrangement - choisi le crime comme moyen de vivre la grande vie.

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Jacques Mesrine, dit le Grand

Jean-Marc Simon

Jacob-Duvernet, 402 pages, 33,95$

***1/2