Jim Czajkowski n'est pas un vétérinaire comme les autres. À l'aube de la quarantaine, il a rangé son stéthoscope et a décidé de ranimer les aventures fantastiques qu'il imaginait petit sur la ferme paternelle. Sa nouvelle carrière a réussi au-delà de toute attente.

Parmi la vingtaine de romans qu'il a publiés depuis 1998, le vétérinaire-romancier californien compte une série fantastique, Les bannis et les proscrits, dont le quatrième tome vient d'être publié en français sous le pseudonyme de James Clemens. La série suit les aventures d'Elena, une «sor'cière» menant plusieurs peuples de créatures fantasmagoriques aux intérêts parfois divergents à combattre le maléfique Seigneur noir.

 

Comme on peut s'y attendre avec un auteur aussi prolifique, les péripéties empruntent largement aux conventions du genre et se multiplient à un rythme abracadabrant. Les revirements de situation font appel à l'intuition des personnages, un procédé littéraire un peu simpliste. Et les noms des différentes créatures de la série sont souvent de simples calques -Gul'gotha, El'fes, Og'res- comme dans les romans de Bryan Perro ou la série de la «sortcelière» Tara Duncan.

L'intérêt des romans de James Clemens (le pseudonyme se veut un hommage à Mark Twain, qui s'appelait en réalité Clemens) est dans le foisonnement des personnages, décrits avec force détails. L'og're Tol'chuk doit par exemple venger ses ancêtres dont l'esprit a été enfermé dans une pierre rouge. Joach, né d'un humain et d'une «el'phe», doit combattre le racisme des «el'phes». Le bras droit d'Elena, le manchot Er'ril, a un frère qui est au service du Seigneur noir. Et Elena elle-même est guidée par un livre écrit un demi-millénaire auparavant par ses ancêtres «sor'cières», avant leur défaite devant le Seigneur noir.

Autre point fort de la série, la situation d'Elena s'améliore très lentement, au lieu de connaître une succession de triomphes et de reculs imprévus, comme souvent dans les sagas. Sous son autre pseudonyme, James Rollins, l'auteur s'est plutôt concentré sur des intrigues mélangeant guerre, cataclysmes et archéologie, signant notamment l'adaptation livresque du dernier film d'Indiana Jones. L'ex-vétérinaire fait peut-être dans la production de masse, mais il a une imagination fertile qui le sert bien dans les péripéties.

_______________________________

Le portail de la sor'cière

James Clemens

Bragelonne, 596 pages, 39,95$

** 1/2