Le titre de ce burlesque roman d'apprentissage paru il y a 50 ans (en 1959, bon anniversaire Zazie!) aurait dû être Zazie sans le métro puisque, lorsque la gamine de 12 ans arrive chez son tonton Gabriel, qui fait danseuse de charme à Montmartre, le Métropolitain est en grève. Elle en fait une affaire personnelle, d'ailleurs. Elle va se les taper à pied, les Invalides, la tour Eiffel, les puces, le Sacré-Coeur! La petite Berrichonne aura beaucoup à faire. Et lorsque enfin elle prendra le métro, à l'avant-dernier chapitre, elle ne s'en rendra même pas compte car elle est évanouie.

L'année 1959, c'était l'époque du Poinçonneur des Lilas; Gainsbourg venait d'écrire sa chanson l'année précédente («des trous, des petits trous, encore des petits trous»). On ne poinçonne plus depuis des lustres dans le métro de Paris mais on fait encore souvent grève et Zazie ne quitte plus les rayons des librairies, souterraines ou pas. Si le film de Louis Malle (avec Catherine Demongeot et Noiret) a pris un coup de vieux, le modèle écrit garde sa gouaille. Voici, pour le cinquantenaire, une édition dite «augmentée». Il s'agit de deux fragments du premier manuscrit que Queneau avait retranchés. Les voilà (mais ils étaient déjà dans l'édition en Pléiade). Elle est vraiment dans le métro, Zazie Lalochère. Et elle se retrouve au terminus d'une ligne: «Bien qu'émerveillée, Zazie ne put contenir sa rage d'avoir été ainsi contrainte à sortir si vite de terre.»_____________________

Zazie dans le métro

Raymond Queneau 

Folio no. 103, 263 pages, 12,95$

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