«Nous ne préserverons pas la biodiversité avec la biologie de Pline l'Ancien, ni ne stabiliserons le climat avec la physique d'Aristote.»

Cette phrase du philosophe et physicien parisien Étienne Klein illustre bien le but de son essai Galilée et les Indiens: redonner à la science moderne ses lettres de créance, face aux nombreux débats environnementaux, sociaux et sanitaires qui font la manchette en ce début de XXIe siècle. La science, affirme le professeur de la prestigieuse École centrale, n'est pas une simple opinion à laquelle on peut validement opposer une idéologie marxiste, écologiste, tiers-mondiste ou basée sur les «savoirs ancestraux» des peuples autochtones. C'est un langage essentiel sans lequel on ne peut prendre de décisions éclairées.

Certes, dit M. Klein, les équations mathématiques et les statistiques ne rendront jamais le lien affectif qui lie l'Amérindien de l'Amazonie (l'Indien du titre) et la nature qui l'entoure; mais tel n'est pas le but de la science. La politique peut parfaitement tenir compte de ce lien affectif en prenant ses décisions. Elle ne peut pas invoquer la science pour balayer ce lien du revers de la main.

 

L'objectif de M. Klein, qui a participé à la conception du grand collisionneur au CERN de Genève, est de contrer les accusations que la science est inhumaine parce qu'elle est mathématique. Il attribue cette idée à Bertoldt Brecht et à Edmund Husserl. «De là à considérer que la marginalisation, l'abstraction de l'univers apparent au profit d'un univers mathématique nous ont fait sombrer dans un objectivisme tous azimuts qui aurait totalement dévitalisé notre rapport au monde, à la nature, il y a un pas que le physicien que je suis ne parvient pas à franchir», écrit M. Klein.

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Galilée et les Indiens

Étienne Klein

Flammarion 118 pages

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