Le thème est dans l'air, il n'y a pas de doute. Au cinéma, Meunier s'y frotte ces jours-ci. En littérature, François Désalliers ajoute sa voix. Il fallait s'y attendre, l'éclatement des familles a généré son lot de questionnements existentiels.

 

L'engagement malgré les obstacles n'étant plus socialement valorisé, que faire lorsque l'amour du couple au sein d'une famille s'éteint? La question est autant d'actualité qu'intéressante. Une génération de baby-boomers demeure aujourd'hui aux prises avec ces douloureuses réflexions, tandis que la génération de leurs enfants en subit les conséquences. Sujet épineux et pertinent mais malheureusement fort souvent abordé de façon insipide et disons-le, carrément choquante.

C'est encore le cas ici, alors que Désalliers choisit de dépeindre son protagoniste, quadragénaire marié et père de trois ados, comme la victime de l'histoire, sauvé par le désir charnel d'une jeune voisine. Son voisin, largué par la mère de ses enfants, lie dans son esprit filiation et pension alimentaire, habité d'une haine qui l'éloigne totalement de toute humanité. Pour les deux hommes, les enfants sont le poids qui les empêche d'avancer. On aurait voulu une réflexion, un point de vue, à la limite un constat. Le propos reste en surface, flottant au dessus du problème dépeint. Les procédés littéraires y sont maladroits, l'insertion de deus ex machina provoque des ambiances et des réactions invraisemblables. Encore une fois, un rendez-vous raté avec ce malaise contemporain qu'il devient urgent d'aborder avec intelligence.

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Les Géants anonymes

François Désalliers

Éditions Québec Amérique 260 pages, 22,95$

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