La grosse journée politique prévue hier au Salon du livre a commencé drôlement: Pauline, à la dernière minute, a décidé d'annuler la séance de signature qu'elle devait tenir au stand de Fides. Pour des raisons politiques, on peut se douter... Mme Marois a peut-être décidé d'aller faire son power walking dans le défilé du père Noël.

Peut-être aussi que l'auteure de Québécoise!, lancé au printemps dernier, n'a pas voulu prendre le risque de voir sa file d'attente comparée à celle de Julie Couillard, qui «signait» en début d'après-midi aux Éditions de l'Homme. Éditions du Mâle, aurait-on pu dire hier au vu de la composition de la longue file de lecteurs qui attendait Mme Couillard, en retard d'une vingtaine de minutes. On ne semble pas lui en avoir tenu rigueur. Beaucoup avaient apporté leur appareil et certains se faisaient même prendre en photo avec l'auteure de Mon histoire - il reste plusieurs bons exemplaires -, dont on aurait dit qu'elle avait fait ça toute sa vie.

 

Au premier répit, je lui ai demandé si elle avait apprécié son expérience d'auteure et elle a répondu «beaucoup». Que lui disent ses lecteurs? «Les gens ont apprécié le côté humain de mon histoire. Certains m'ont dit qu'ils l'avait lue trois fois...» Parce qu'ils n'avaient pas compris la première fois? Mme Couillard a souri comme elle a continué de sourire quand je lui ai demandé si elle allait accepter la demande en mariage de Victor-Lévy Beaulieu, le temps de la campagne électorale: «Elle était bonne, sa joke...» Non sans humour elle-même, Julie Couillard, a appris La Presse hier, a fait dire à VLB que ce n'était pas la peine de réserver la salle. Des suggestions de remplacement pour Victor, quelqu'un?

Il y avait moins de monde un peu chez Fides, où Paul Martin dédicaçait son autobiographie tout juste sortie des presses, Contre vents et marées. Et que lit l'ancien premier ministre du Canada, ces temps-ci? Le dernier essai de l'Américain Thomas Friedman sur l'environnement et un autre de Richard West sur le nouvel ordre mondial. «Mais le meilleur livre de la saison, je suis en train de le relire, c'est Contre vents et marées!» a lancé M. Martin, en superbe forme quoique un peu enrhumé.

Plus sérieusement, l'ancien chef libéral a admis que son expérience d'auteur lui faisait apprécier davantage le travail des journalistes, des mal-aimés, on ne le dira jamais assez. «C'est dur, écrire. Je peux prononcer un discours n'importe quand, mais écrire, c'est une autre affaire.» Oui, surtout quand on écrit seul.

Il y avait aussi, hier au Salon, des professionnels de l'écrire. Comme Monique Proulx, finaliste cette semaine au Grand Prix du livre de Montréal et au Prix littéraire du Gouverneur général. «Malheureuse finaliste», comme le veut le cliché sportif? «Mon but, dit Mme Proulx dans un sourire, est d'établir le record du plus grand nombre de nominations sans remporter le prix... Sérieusement, si j'avais voulu faire de la compétition, je me serais lancée dans la Formule 1 comme mon homonyme», a dit l'auteure de Champagne, encore en lice pour le Grand Prix du public La Presse - Salon du livre, qui sera décerné demain, et pour le Prix des Collégiens, dont le lauréat sera connu en avril. «Chaque livre a sa personnalité propre et il est bien difficile de les comparer. Mais c'est dans l'air du temps: les gens veulent savoir qui sera le prochain ou la prochaine à sortir du Loft...»

Juste à côté, toujours chez Boréal, Suzanne Jacob dédicaçait à une jeune lectrice un exemplaire de son essai Histoires de s'entendre. L'écrivaine a reçu cette semaine le prix Athanase-David, la plus haute récompense québécoise dans le champ littéraire. Ce prix, lui ai-je demandé, l'a-t-elle touchée plus que les autres? (Elle a remporté, entre autres, deux «G.G.» et un prix France-Québec.) «Ça m'a fait plaisir. Je venais de connaître trois deuils en peu de temps. Et là, le téléphone a sonné, m'annonçant ce prix. Je me suis dit: sors du cimetière et recommence à écrire».

C'est là, ami lecteur, notre bonne nouvelle du jour.