Un 30e anniversaire n'a habituellement pas le lustre d'un 25e ou d'un 50e. Mais comme l'ouverture du 30e Festival international de jazz de Montréal coïncidera avec l'inauguration de la Place des festivals l'été prochain, cet anniversaire s'en trouvera magnifié. Pour lancer les festivités, voici donc un bel album qui survole en photos l'histoire de cette manifestation rassembleuse.

Le Festival sous les étoiles s'ouvre sur une photo noir et blanc de la foule entassée rue Saint-Denis en 1982, histoire de rappeler que le Jazz logeait dans le Quartier Latin avant de s'installer en permanence en périphérie de la Place des Arts. Puis défilent sur 144 pages glacées des photos, la plupart du temps remarquables, de monuments du jazz ou d'artistes qui se situent ou pas dans la vaste périphérie du genre, à l'image de l'éclectisme du festival montréalais. Dans cet ouvrage, il n'y a pas d'ordre, chronologique ou autre, qui tienne. L'offre est abondante, le parti pris impressionniste: les disparus y côtoient les découvertes, les pionniers bien vivants se mêlent aux artistes plus jeunes, de toutes tendances, d'ailleurs ou d'ici, et les grands événements du Festival revivent sur des doubles pages.

 

La préface, signée Oliver Jones, «un vieil homme avec des étincelles dans les yeux, l'air fier, anticipant déjà la prochaine édition», est un coup de chapeau au Festival et aux artisans qui en ont fait un événement.

La plupart des photos sont accompagnées d'un court texte explicatif, en français et en anglais, d'autres pas (Gonzalo Rubalcaba, p. 101), allez savoir pourquoi. Ces textes, signés Jean-François Gayrard, dont on nous dit qu'il a 20 années d'expérience dans l'édition de livres et de magazines, ne sont pas à la hauteur. C'est le festival de la formule creuse, du communiqué de presse, de l'hyperbole et de l'affirmation gratuite. Ainsi, Paco de Lucia est «sans nul doute le meilleur ambassadeur de la culture espagnole dans le monde» et Brian Setzer, «sans conteste un des guitaristes actuels des plus dynamiques au monde».

Il y a aussi les erreurs de fait. En 1987, Ella Fitzgerald chante en même temps au Théâtre Saint-Denis (p. 28) et à la Salle Wilfrid-Pelletier (p. 29). Puis, en 2006, «avec Eric Clapton, B.B. King surprend les festivaliers par la vitalité de son jeu» (p. 90). Monsieur Gayrard, qui porte également les chapeaux de recherchiste et d'éditeur de l'ouvrage, devrait pourtant savoir que Clapton n'a jamais mis les pieds au Festival. À moins qu'il ne s'agisse de l'exemple ultime de la ponctuation aléatoire et du français boiteux («de sa voix qu'il se sert comme d'un instrument» p. 49) qui minent ce livre où les coquilles sont nombreuses, jusque dans les noms d'artistes très connus.

Le Festival de jazz méritait mieux. Heureusement, il y a les photos.

Le Festival sous les étoiles

144 pages.

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