Avec un quatrième Prix du Gouverneur général, la romancière Marie-Claire Blais est devenue hier la romancière québécoise la plus souvent citée à ces prestigieux prix, les plus anciens du Canada. Après Manuscrits de Pauline Archange (1968), Le sourd dans la ville (1979) et Soifs (1996), l'auteure originaire de Limoilou l'emporte cette année avec Naissance de Rebecca à l'ère des tourments, publié chez Boréal.

L'illustrateur montréalais Stéphane Jorisch a aussi atteint le plateau record de quatre «G.G.» pour son travail sur le texte d'Edward Lear, The Owl and the Pussycat (Kids Can Press); M. Jorisch était aussi en nomination du côté francophone pour Un cadeau pour Sophie, le texte de Gilles Vigneault qui a remporté au début du mois le prix du Centre canadien du livre jeunesse/Groupe TD.À l'exception de Pierre Ouellet, en voyage au Japon, qui a reçu le Prix de l'essai, son deuxième, pour Hors-temps - Poétique de la posthistoire (VLB Éditeur), tous les lauréats ont assisté hier matin à la présentation du Conseil des arts du Canada (qui administre les «G.G.») au musée McCord de la rue Sherbrooke.

Les lauréats seront reçus officiellement par la gouverneure générale Michaëlle Jean, le 10 décembre à Rideau Hall. Chacun des 14 lauréats reçoit une bourse de 25 000 $ et leur éditeur, une subvention de 3000 $ destinée à la promotion des ouvrages primés. Ces prix littéraires, à leur 72e année, totalisent 450 000 $ venant principalement de la commandite du groupe financier BMO.

Du côté francophone, les autres lauréats sont, dans la catégorie poésie, Michel Pleau pour le recueil La lenteur du monde (Éditions David) et en théâtre, Jennifer Tremblay pour le monologue La liste (Éd. de la Bagnole).

En littérature jeunesse, les jurys ont primé le texte Les trois lieues (La courte échelle) de Sylvie Desrosiers, une histoire destinée aux 13-16 ans sur la difficile relation entre un père (absent) et son fils: «Ils finissent par se rencontrer», nous dira l'auteure. L'illustratrice Janice Nadeau a quant à elle remporté le «G.G.» pour Ma meilleure amie, un texte de Gilles Tibo publié chez Québec Amérique.

Traductions

Dans les catégories de traduction, les prix sont allés à Claire Chabalier et Louise Chabalier pour Tracey en mille morceaux, la version française publiée aux Allusifs du roman-choc The Tracey Fragments de Maureen Medved (House of Anansi); sauf erreur, c'est la première fois que deux soeurs remportent un grand prix de littérature au Canada.

Du français à l'anglais, le «G.G.» est allé au Montréalais Lazer Lederhendler pour sa traduction de Nikolski de Nicolas Dickner (Alto), maintes fois primé au Québec et en cours de traduction dans sept autres langues. «Une traduction, a dit M. Lederhendler avec humour, n'est jamais fidèle ni appréciée mais personne ne dit jamais qu'elle manque d'originalité» (la traduction est de La Presse...).

Le Montréal multiethnique des années 80, par ailleurs, est au centre du roman de Nino Ricci, The Origin of Species (Doubleday) qui a valu au Torontois un deuxième Prix du Gouverneur général en «fiction».

Inquiétude

Parlant de territoires, Marie-Claire Blais, après les remerciements d'usage, a fait part à l'assemblée de son «inquiétude» sur l'avenir des programmes d'aide aux écrivains qui travaillent hors des frontières nationales. Les créateurs ne sont jamais absents, a dit, en substance, la lauréate du prix Médicis 1966 (Une saison dans la vie d'Emmanuel). «Ils doivent se déployer vers le monde et ils seront toujours, où qu'ils soient, source de lucidité et de clairvoyance.»

Rappelons finalement que, en 1968, Mme Blais avait reçu son premier prix du Gouverneur général après que Hubert Aquin (1929-1977), cité pour Trou de mémoire, l'eut refusé pour des «raisons politiques».

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