Avec 135 000 billets vendus pour les trois jours du festival, Osheaga a affiché complet au final. Près de 45 000 personnes ont afflué dans l'île Notre-Dame de vendredi à dimanche. Si les festivaliers montréalais se sentaient étrangers parmi la foule, c'est normal : 70 % des spectateurs provenaient de l'extérieur du Québec.

Osheaga fait rayonner la ville de Montréal à l'étranger, a souligné en point de presse Jacques Aubé, grand patron du promoteur evenko. Osheaga est un « fleuron » montréalais qui génère beaucoup de tourisme, a-t-il déclaré.

Vu les travaux de réaménagement du parc Jean-Drapeau, Osheaga occupe un lieu temporaire depuis deux ans, aménagé tout le long du bassin olympique, jusqu'au Casino. Il retrouvera son emplacement d'origine l'an prochain. S'il fallait une bonne vingtaine de minutes pour se rendre de l'une à l'autre des scènes les plus éloignées, le promoteur evenko s'est efforcé, avec succès, de rendre l'expérience agréable. Le site habituel réaménagé et amélioré pourra accueillir jusqu'à 65 000 personnes par jour. Or, ce n'est pas un objectif d'assistance pour l'an prochain. Il faut avant tout s'assurer que l'expérience du festivalier soit la même. « On verra quelle est la limite », a souligné Jacques Aubé. 

Des imprévus et des retards 

Vendredi soir, la tête d'affiche Travis Scott a été retardée par les douaniers à l'aéroport Trudeau, si bien qu'il est monté sur scène vers 23 h, heure à laquelle sa prestation devait se terminer. Une soirée sous haute tension pour l'équipe d'evenko. « C'était super stressant, car nous n'avions pas le contrôle », a indiqué le programmateur en chef Nick Farkas, qui a précisé que Travis Scott avait atterri à l'aéroport Trudeau à bord d'un jet privé. De son côté, Jacques Aubé a appelé le maire de Saint-Lambert et la Société du parc Jean-Drapeau pour les aviser de la situation.

Si evenko a décidé d'aller au-delà du couvre-feu de 23 h et de limiter le spectacle à 40 minutes, c'est pour la satisfaction des festivaliers, mais aussi pour des questions de sécurité et de gestion de foules. « Nous voulions avant tout s'assurer d'avoir un show pour pas que cela ne dégénère, a expliqué Jacques Aubé. La situation était exceptionnelle. »

Pour l'instant, evenko n'a pas eu d'écho négatif de la situation imprévue, où le promoteur a évité, disons-le, la catastrophe.

Sinon, De La Soul a aussi joué plus tard que prévu samedi soir à cause d'un vol annulé. Il y a aussi eu des annulations de DJ Maseo et Two Feet. Rien de majeur, donc.



Foule monstre devant la scène de l'île 


En raison du site temporaire d'Osheaga aménagé en longueur, nous avions parfois l'impression qu'il y avait plusieurs festivals cette année. Samedi soir, après le spectacle de la jeune Billie Eilish sur la scène Verte et alors qu'Anderson .Paak (programmé au Festival de jazz l'an dernier) se produisait sur l'une des deux scènes principales, nous avons été surpris par l'ampleur de la marée humaine massée devant la scène de l'Île - flottante - à vocation électronique. Derrière les platines était en poste le jeune DJ Alan Walker, l'un des rares musiciens à avoir dépassé la barre du milliard de visionnements sur YouTube. Lors de notre passage, il remixait du... Bon Jovi !

« Nous avons créé un environnement avec le plancher de danse flottant que les jeunes adorent », a souligné Nick Farkas.

Ce dernier et son équipe de programmateurs suivent les tendances. « La musique populaire est cyclique. On s'ajuste... Cette année, on avait plus de hip-hop. On ne peut pas aller dans seulement une direction musicale. »

L'an dernier, Osheaga n'avait pas affiché complet pour la première fois en cinq ans. La vente des billets a aussi mis du temps à décoller cette année avant l'annonce des têtes d'affiche. En affichant finalement complet, Nick Farkas en conclut que la programmation a fait la différence. 

Un partenariat enviable avec Beats 1 

Cette année, Osheaga avait une visibilité importante grâce à un partenariat avec Beats 1, la radio numérique d'Apple accessible dans une centaine de pays. Le célèbre animateur britannique Matt Wilkinson était au parc Jean-Drapeau pour enfiler des entrevues pour ses émissions de la semaine prochaine. Pour Nick Farkas, cette vitrine internationale aidera Osheaga à vendre encore plus de billets au-delà des frontières du Québec l'an prochain, alors que le site pourra accueillir plus de festivaliers que jamais. Conclusion ?

En 2019, place au 14e festival Osheaga sur un site encore plus grand.