La scène des Arbres ne produit que de minuscules zones ombragées, plusieurs sont prêts à cuire pour ce qu'ils voient et entendent. Saint JHN, Carlos Saint John de son vrai nom, nous envoie des Roses sous ce soleil de plomb. Roses est une chanson, en fait, visiblement connue du public. Ce rappeur new-yorkais n'est pas encore une star, mais ça ne saurait tarder.

Saint JHN se la joue très sexy avec ses deux collaboratrices au DJing, dans le même esprit que le sien. Il a tôt fait de retirer sa chemise, d'arborer pectoraux et abdos.

Il s'avoue impressionné par cet accueil chaleureux des fans osheagais. « Je ne suis qu'un Nègre normal de Brookyn », dit-il en toute ironie à son fan-club, presque exclusivement constitué de visages pâles, dont une importante cohorte de jeunes filles en pâmoison. Il nous suggère alors de « rêver plus fort » et entonne Nigga Shit, suivie de Reflex que toutes et tous connaissent par coeur au pied de la scène.

Saint JHN quitte sa tribune, descend sur le parterre, prend un bain de foule, remonte sur les planches, nous fait le décompte des filles sous hypnose (...) lui ayant exhibé leur poitrine, réprime l'une d'entre elles, large sourire aux lèvres : « I dont like your titties, put them away. » Rien de moins.

Ses fans l'applaudissent, il attaque I Heard You Got Too Litt Last Night, et ainsi de suite... Avant de partie, il nous offre une prière qui s'amorce dans les règles de l'art chrétien, et qui se conclut dans la vulgarité.

Le mec a le sens de la parole. Le mec aime son corps taillé au couteau. Le mec sait son pouvoir de séduction. Le mec connaît sa culture afro-américaine.

Difficile, cependant, de conclure s'il s'agit d'une caricature ou d'un artiste au potentiel artistique réel qui manoeuvre habilement sur des terrains ambigus. On imagine que Kiesza, Nico & Vinz, Gorgone City, Jidenna et autres Usher n'ont pas fait appel à ses services pour le côté futile de son personnage...